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née, les Égyptiens, poursuivant leurs succès, pénétrèrent sur le territoire des Acyres, qu’ils attaquèrent auprès du château de Tor. Thamy, à cheval, en avant de ses soldats, les animait par des chants guerriers. La résistance fut plus acharnée qu’à Bisel, mais l’artillerie finit encore par disperser les Arabes. Thamy resta le dernier sur le champ de bataille et se réfugia auprès d’Abou-Arisch, chez un parent d’Hamoud. Celui-ci, en apparence wahabite, était toujours prêt à se prononcer pour le vainqueur et entretenait des relations avec les uns comme avec les autres. Les Égyptiens paraissant alors avoir le dessus, Hamoud livra l’infortuné Thamy à Méhémet-Ali. Le vainqueur de Confounda, le vaincu de Tor, était un homme de petite taille; il portait une longue barbe blanche. La noblesse de son maintien imposa même à Méhémet-Ali, qui le traita avec courtoisie et promit d’intercéder en sa faveur auprès du sultan. Cependant, arrivé au Caire, il lui fit mettre au cou une énorme chaîne, et le héros arabe fut promené sur un chameau dans les rues de la ville, portant suspendue aux épaules la tête d’un autre chef wahabite. Thamy fut ensuite envoyé à Constantinople et décapité.

Quelques années après, un ancien mamelouk, à qui son ignorance de la langue turque avait valu le sobriquet de Turktché-Bilmez, sous lequel il est connu, fut mêlé dans le Hedjaz à une révolte militaire causée principalement par le retard de la solde. Il en était devenu le chef, et la Porte, qui se brouillait alors avec le vice-roi, lui avait conféré le gouvernement du Hedjaz. Il ne put s’y maintenir devant les forces envoyées d’Égypte, et échoua également devant Confounda; mais, s’étant dirigé vers l’Yémen, il réussit à s’emparer de la place importante d’Hodeïdah, et alla bientôt s’établir à Moka. Ces événemens se passaient en 1832. L’iman de Saana, le légitime souverain de l’Yémen, essaya de chasser Turktché-Bilmez de ses états il n’en vint pas à bout. Alors les Égyptiens dirigèrent sur l’Yémen une armée de quinze mille hommes. Le prince de l’Acyr, successeur de Thamy, s’appelait Ali-Mujessen il s’était d’abord abouché avec Turktché-Bilmez; mais, ayant appris la venue des Égyptiens en si grand nombre et voulant s’attirer la faveur de Méhémet-Ali, il marcha avec vingt mille Arabes contre Moka, où Turktché-Bilmez s’était enfermé, et que l’escadre égyptienne vint bloquer. Il enleva la place d’assaut et la livra au pillage pendant trois jours. La ville la plus commerçante de l’Yémen ne s’est jamais relevée de ce désastre, dont Hodeïdah et plus tard Aden ont profité. Quant à Turktché-Bilmez, il avait réussi à se réfugier à bord du navire anglais le Tigris, qui le transporta à Bombay. De là il se rendit à Bagdad. ·at~ il mourut sans avoir plus fait parler de lui. Des garnisons furent.