hôtes des bois et des champs à ses inspirations, et en quelque sorte de ces dictées mélodieuses qu’ils l’invitent à écrire. Ce rôle de secrétaire des oiseaux et des fleurs que nous avions rêvé pour le poète a été rarement mieux décrit que dans certaines strophes de cette pièce.
- Moi, ce serait ma joie
- D’errer dans la fraîcheur
- D’une idylle où l’on voie
- Fuir le martin-pêcheur.
- Ami, l’étang révèle
- Et mêle brin à brin
- Une flore nouvelle
- Au vieil alexandrin.
- Le stylo se retrempe
- Lorsque nous le plongeons
- Dans cette eau sombre où rampe
- Un esprit sous les joncs.
- Viens, pour peu que tu veuilles
- Voir croître dans ton vers
- La sphaigne aux larges feuilles
- Et les grands roseaux verts.
Et encore dans la pièce intitulée Clôture, où il donne l’inventaire des richesses du poète en style tantôt baroque et tantôt charmant :
- Nous ne produirions rien qui vaille
- Sans l’ormeau, le frêne et le houx.
- L’air nous aide, et l’oiseau travaille
- A nos poèmes avec nous.
- Le pluvier, le geai, la colombe,
- Nous accueillent dans le buisson,
- Et plus d’un brin de mousse tombe
- De leur nid dans notre chanson.
Et cette poétique a reçu un commencement d’application. Que sont la pièce du Chêne du parc détruit, qu’on pourrait justement appeler les mémoires d’un chêne, la pièce intitulée l’Église, où l’auteur nous décrit une véritable chapelle du culte des esprits élémentaires, la chapelle où Titania et Oberon vont sans doute assister à l’office de leur religion, sinon des ébauches du programme que nous regrettons de ne pas voir réalisé ? Mais faisons trêve à nos regrets, et prenons le nouveau volume de M. Hugo avec le caractère qu’il a voulu lui donner. Nous savons ce que l’œuvre n’est pas, voyons maintenant ce qu’elle est.
Ce nouveau volume est fait pour mettre à une délicate épreuve les amis de M. Victor Hugo et tous ceux qui, comme nous, lui ont gardé reconnaissance des services qu’il a rendus à leur imagination. L’œu