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petits bâtimens, évoluant avec habileté, se sont avancés peu à peu, en continuant leur tir, jusqu’à se trouver par notre travers. De notre côté, le feu est continué régulièrement jusqu’à ce que la nuit se fasse. Vers cinq heures et demie, l’incendie se déclare dans une des batteries de la vallée ; quelques explosions illuminent de leur éclat fugitif les arbres de la montagne, dont les premières assises sont déjà plongées dans l’obscurité. À ce moment, le capitaine du Perseus, le chef de file de la troisième division, se trouvant à petite distance de ces batteries et remarquant leur abandon, jette à terre sa petite compagnie de débarquement, y joint celle de la Méduse, qui le suit immédiatement, et pénètre successivement dans les trois principales batteries ; les servans ont abandonné les pièces en laissant quelques morts à terre ; une vingtaine de canons sont encloués. Cette opération rapidement accomplie, les compagnies rentrent à bord de leurs bâtimens respectifs sans être inquiétées, rapportant avec elles quelques trophées. L’éloignement de la grande batterie voisine de la ville n’a pas permis d’y exécuter une descente semblable. — La nuit venue oblige à remettre au lendemain la suite des opérations. La première division a seule éprouvé quelques pertes : trois morts et, une quinzaine de blessés sont toutefois un faible chiffre en comparaison du nombre des projectiles qui ont atteint les bâtimens dans la coque et dans la mâture.

Les commandans en chef décident que, pour achever de mettre les batteries hors de service dans cette première partie du détroit, il est indispensable de porter sur ces batteries les troupes de débarquement. Le lendemain, dès le jour, profitant de l’effet moral causé par le tir de la veille, ils jetteront ces troupes à terre en les protégeant du feu des navires ; elles enlèveront les batteries, et une partie d’entre elles devra travailler à en détruire l’armement, tandis que le gros des forces maintiendra l’ennemi dans les bois. La nuit a ramené le calme le plus absolu sur le détroit, animé quelques heures auparavant du bruit de plus de cent cinquante pièces de canon. Quelques lumières se remarquent dans les batteries, sans doute les lanternes que les officiers japonais portent la nuit à leur ceinture.

Le 6 septembre au matin, le jour commence à poindre lorsque des détonations partent subitement de la batterie située en face de Mozi-saki. Ce sont les Japonais qui, pointant leur pièces à la première lueur du jour, ouvrent le feu sur les deux corvettes Tartar et Dupleix. Ces deux bâtimens, que le renversement du courant a fait aborder pendant la nuit, ont leurs chaînes engagées et présentent l’arrière à l’ennemi. Les deux commandans travaillent activement à se dégager ; peu d’instans après, le Tartar, puis le