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gouvernement français une indemnité de 140,000 piastres mexicaines, dont 100,000 par le gouvernement lui-même, et 40,000 par l’autorité de la province de Kagato. Le second article, traitant de la réouverture de la Mer-Intérieure, était ainsi conçu :


«… Le gouvernement japonais s’engage également à faire cesser, dans les trois mois qui suivront le retour de leurs excellences les ambassadeurs du taïkoun au Japon, les empêchemens que rencontrent en ce moment les navires français qui veulent passer le détroit de Simonoseki, et à main tenir ce passage libre en tout temps, en recourant, si cela est nécessaire, à l’emploi de la force, et, au besoin, en agissant de concert avec le commandant de la division navale française…. »


Les ambassadeurs japonais, reçus avec courtoisie dans la capitale de la France, avaient tout d’abord préparé les voies à leurs demandes en réglant d’une façon satisfaisante les premiers griefs ; mais, dès qu’ils étaient venus à parler de l’évacuation de Yokohama, le gouvernement français leur avait imposé silence en se refusant à discuter sur une pareille base. Les ambassadeurs avaient, en dernier lieu, consenti à signer la convention du 20 juin 1864, et payé immédiatement le montant de l’indemnité offerte pour la famille du sous-lieutenant Camus[1] ; puis, informés que pareil résultat attendait, près des autres cours étrangères, la poursuite de leur mission, ils s’étaient déterminés à y couper court. Ayant visité nos principaux arsenaux et divers établissement industriels, ils avaient brusquement repris, non sans faire d’importantes commandes d’armes et de machines, la route de l’extrême Orient.

Cette convention, rédigée à Paris dans l’ignorance des nouveaux événemens qui s’étaient produits au Japon et de la parfaite entente qui y régnait entre les nations étrangères, allait-elle détruire la communauté de vues et isoler l’action de la France ? Il n’en fut rien grâce au bon esprit des autorités anglaises, qui déclarèrent renoncer momentanément à l’entreprise, si la France devait s’en retirer, et vouloir attendre, avant de prendre un parti, la réponse du gouvernement de Yédo à la notification de la convention. Les autorités hollandaises et américaines suivirent cet exemple. La réponse du gouvernement de Yédo ne se fit pas attendre : Takemoto vint annoncer que son gouvernement regardait ses ambassadeurs comme ayant outrepassé leurs pouvoirs[2], et se déclarait dans l’impossibilité d’exécuter le second article du traité, tout en donnant

  1. 35,000 dollars (192,500 francs).
  2. Ces derniers étaient retenus à Kanagawa, où le paquebot les avait déposés, sur des ordres venus immédiatement de Yédo.