La paix de Villafranca donna la liberté à Milan, mais elle laissa Venise sous la domination étrangère. Ainsi étaient séparées tout d’un coup deux, cités italiennes qui depuis de longues années vivaient sous le gouvernement d’une puissance allemande. Six ans se sont écoulés depuis cette séparation inattendue. Dans quelle situation se trouvent Milan et Venise au terme de cette période assez courte sans doute, mais suffisamment significative ? C’est une question que des faits et des souvenirs recueillis pendant de fréquens séjours dans le nord de l’Italie me permettent d’aborder avec la confiance d’apporter sur ce grave sujet quelques informations dignes d’intéresser les amis de l’Italie nouvelle en France comme dans cette libre Angleterre qui est mon pays, le contraste de la prospérité matérielle de Milan avec les souffrances et la langueur contre lesquelles se débat Venise n’est pas cependant le seul objet de ces pages. Les exemples ne manquent pas pour nous apprendre ce qu’il y a de vivifiant dans la liberté, de mortel dans la servitude. Nous voulons, tout en signalant un contraste si frappant et si triste, rechercher aussi les ressemblances, l’harmonie qu’on peut remarquer entre Milan et Venise sous le rapport de la vitalité morale. Nous voulons observer le caractère italien mis en quelque sorte à une double épreuve, ici dans les meilleures, là dans les plus mauvaises conditions de développement. Si ces souvenirs prouvent que Venise libre pouvait marcher du même pas que Milan dans la
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MILAN ET VENISE
DEPUIS
LA GUERRE DE 1859