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GUSTAVE III
ET
LA COUR DE FRANCE

VII.
MALHEURS ET FAUTES DU ROI DE SUEDE. — GUSTAVE ET LA REVOLUTION FRANCAISE.


I

Le règne de Gustave III et celui de Louis XVI se partagent au même moment en deux périodes fort dissemblables entre elles. L’année 1783 marque chez nous, par le traité de Versailles, garant de l’indépendance des États-Unis, la fin d’un glorieux épisode qui figure parmi les dernières gloires de l’ancienne France ; le fatal procès du collier vient ensuite, dès 1785, ouvrir la série des humiliations et des funestes présagés. Et de même pour Gustave III les voyages de 1783 et 1784 offrent l’instant précis où de tristes dégoûts font dégénérer ce qu’il possédait de brillances qualités d’homme et de roi, et contribuent à le séparer de son peuplé en lui préparant, ainsi qu’à la Suède, un sinistre avenir[1]. Les dix dernières années de son règne allaient présenter autant de sombres couleurs que les dix premières avaient eu d’éclat. Les causes de ce changement doivent être cherchées dans le caractère même de

  1. Voyez sur le second séjour de Gustave III en France la Revue du 15 septembre dernier. Voyez, pour les autres parties de cette série, la Revue du 15 février, 1er mars, 1er avril, 15 juillet 1804 et 15 août 1865.