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et tirent de très fortes charges avec une vitesse relative considérable.

On a prétendu, il est vrai, que les chevaux d’omnibus en Angleterre vont plus vite, font de plus longues courses et mangent moins que les nôtres, ― que par conséquent ils leur sont supérieurs. Les comparaisons de ce genre sont très difficiles à vérifier et presque toujours erronées. Ainsi la moyenne du trajet journalier des cheveux d’omnibus de Paria est de 16 kilomètres ; mais il ne faut pas oublier que cette moyenne se répartit sur les huit mille cinq cents chevaux que possède la compagnie, sur lesquels un quart sont malades ou au repos, et qu’il y a des lignes sur lesquelles les chevaux font 28 kilomètres avec des voitures presque toujours complètement chargées. En, Angleterre, les voitures sont plus petites, plus étroites et rarement pleines, et il n’est donc pas étonnant que l’allure soit plus rapide. Il faut ajouter d’ailleurs que les Anglais ont pour système d’avoir peu de chevaux, mais d’en tirer immédiatement tout le parti possible ; en France, on en a davantage, mais on les ménage beaucoup plus. Le cheval d’omnibus anglais est ruiné en deux ans ; le cheval français, acheté 900 francs à l’âge de quatre ans, est revendu à douze ans 400 francs, et est encore en état d’être employé pendant longtemps au labour. Ainsi ne cherchons pas l’amélioration de ces races dans les croisemens avec les pur-sang, mais dans le choix des reproducteurs indigènes, car rien n’empêche de faire pour elles une espèce de sélection, semblable à celle qu’op fait pour les chevaux de course et de ne livrer à la reproduction que les animaux supérieurs.

Tels sont les résultats utiles qu’on peut attendre des courses ; mais pour les obtenir il faut y chercher autre chose qu’un passe-temps frivole. Il faut qu’elles deviennent de plus en plus une occasion d’expériences sérieuses sur l’amélioration de la race chevaline. Il est regrettable en effet de voir des jeunes gens riches et bien doués rester indifférens aux questions qui passionnaient leurs pères et passer leur vie à supputer les chances de tel ou tel coursier, comme si c’était le plus bel emploi qu’ils pussent faire de leurs facultés et de leur fortune. Si la passion des chevaux les entraîne cependant, rien n’empêche qu’ils ne s’y adonnent ; seulement qu’ils étudient la question au point de vue général que nous avons essayé de signaler, et ils n’auront pas été absolument inutiles à leur pays.


JULES CLAVE.