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au Pin, fut supprimée en 1852, et l’on ne conserva que celle de Pompadour, destinée à la création d’une race anglo-arabe dont on ne s’explique pas trop l’utilité.

Depuis longtemps, les règlemens de l’administration des haras abonnaient lieu à des réclamations qu’il est facile de comprendre quand on songe qu’il était défendu de faire saillir une jument par des étalons non approuvés par l’état, et qu’un propriétaire ne pouvait chez lui se servir de ses propres étalons. D’un autre côté, cette administration se plaignait que, faute de fonds, elle ne pouvait rendre les services qu’on était en droit de lui demander. Afin de mettre un terme à cette situation, une commission présidée par le prince Napoléon, fut chargée en 1860, d’étudier la question des haras sous toutes ses faces. Sur les vingt-six membres qui composaient cette commission, deux ne prirent point part au vote, treize se prononcèrent en faveur de l’intervention directe de l’état et du maintien du système en vigueur en augmentant les allocations budgétaires, et onze conclurent, sinon à la suppression de l’administration des haras, du moins à la transformation complète du système d’intervention. Le rapport de la minorité, qui fût rédigé par M. de La Rochette, et, contrairement à l’usage, livré à la publicité, probablement à cause des noms qui y figuraient[1] est un chaleureux plaidoyer en faveur de la liberté. Il réfute péremptoirement tous les argumens qu’on peut faire valoir en faveur de l’intervention directe de l’état, que ne réclament ni la défense du pays ni les besoins de la consommation, il démontre que l’industrie particulière et le commerce, sont parfaitement à même de faire face à toutes les exigences, que les meilleures races indigènes sont les races de trait, c’est-à-dire celles qui ont été de la part de l’état l’objet de moins d’encouragemens. Il ajoute que les treize cents étalons que possédait alors l’état ne représentaient pas le dixième de ce que réclamait la production du pays, et que néanmoins ils faisaient aux étalons particuliers une concurrence décourageante[2]. Enfin il, conclût à la diminution progressive du nombre des étalons possédés par l’état, à l’augmentation des allocations en faveur des courses et des primes pour les étalons particuliers jugés propres à la reproduction, à la suppression des jumenteries et à la modification du système adopté jusqu’alors par le ministère de la guerre pour la

  1. On comptait dans cette minorité le prince Napoléon, MM. de Morny, Rouher, FouId, Daru, de La Rochette, etc.
  2. La dépense annuelle moyenne des haras, en y comprenant l’intérêt des immeubles, était de 2,980,000 fr. ; le nombre des saillies étant de 62,000, le prix de revient de chacune d’elles était de 47 fr. Cependant elles ne rapportaient à l’état que 486,000 fr., soit 8 fr. par saillie.