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GUSTAVE III
ET
LA COUR DE FRANCE

VI.
MARIE-ANTOINETTE ET LES SUEDOIS A VERSAILLES. — SECOND VOYAGE DU ROI DE SUEDE A PARIS.

Gustave III n’avait réussi ni à retenir auprès de lui la jeune noblesse de son royaume ni à rompre le charme qui l’attirait encore lui-même vers la cour de France[1]. Ceux d’entre les jeunes nobles suédois qui ambitionnait sa faveur en cherchant fortune croyaient avec raison que le plus sûr moyen pour arriver à lui plaire était d’avoir passé quelques années à Paris et à Versailles. Précisément un attrait nouveau les y appelait : c’était le gracieux et profitable accueil que leur faisait la jeune reine de France, l’aimable Marie-Antoinette.

La présence d’un grand nombre de brillans étrangers, admis sous le règne de Louis XVI dans l’intimité de la cour, grâce à des présentations que l’étiquette rendait peut-être plus faciles que pour nos Français eux-mêmes, a été un des griefs que la médisance a le plus malignement exploités contre la reine. Alors qu’on la voyait courir au Bois avec le prince de Ligne et le comte d’Esterhazy

  1. Voyez, sur les premiers rapports de Gustave III avec la cour de France après la mort de Louis XV, la Revue du 15 août dernier. Voyez aussi, pour le commencement de cette série, la Revue du 15 février, 1er mars, 1er avril et 15 juillet 1864.