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ressorts employés ne donnaient que très peu de force et pendant un temps très court. En effet, les ressorts sont en général de fort mauvais réceptacle de travail : on a calculé qu’un ressort d’acier dans lequel on voudrait emmagasiner le travail d’un cheval pendant une heure ne devrait pas peser moins de 30,000 kilogrammes. En admettant même que ce chiffre soit un peu exagéré, on conçoit que les premiers modèles présentés par MM. d’Amécourt et de La Landelle n’aient pu donner que de très faibles résultats. Les appareils ne s’enlevaient pas de terre ; ils s’allégeaient seulement : on plaçait un hélicoptère avec son ressort bandé dans le plateau d’une balance, ou bien on l’équilibrait par un contre-poids de la manière qui a été indiquée plus haut au sujet du bateau volant de Blanchard ; on laissait alors le ressort se dérouler et on constatait que pendant ce déroulement très rapide d’ailleurs, l’appareil entier paraissait avoir perdu environ 2 grammes pour 100 de son poids. On pouvait donc dire, en employant la formule dont nous nous sommes déjà servi, qu’il « s’enlevait au cinquantième. » Cependant, en concentrant l’action du ressort dans un temps de plus en plus court, les expérimentateurs arrivèrent à produire des modèles qui pouvaient quitter terré et faire une sorte de bond aérien.

Dans le courant de l’année 1861, MM. Du Temple frères, tous deux officiers de marine, firent connaître le résultat de tentatives qu’ils poursuivaient depuis 1857 ; Ils avaient construit une sorte de canot très léger qui portait à son avant deux ailes déployées et inclinées sur l’horizon de 14 degrés. Un moteur intérieur donnait une impulsion horizontale au système. Monté sur un petit chariot à roulettes et placé au bas d’un plan incliné, le cahot commençait à gravir la pente ; la résistance de l’air, agissant par sa composante verticale sur les ailes de l’appareil, l’enlevait de terre : il faisait ainsi une sorte de saut et venait se reposer doucement sur ses roulettes, comme fait un oiseau sur ses pattes. Le moteur placé dans le cahot était d’abord un ressort d’horlogerie ; ce fut ensuite une petite machine à vapeur, mais les documens publiés par MM. Du Temple ne permettent point d’apprécier l’effet qu’ils obtinrent de cette machine.

Cependant, dans cette même année 1861, M. d’Amécourt s’était proposé de faire construire un petit moteur à vapeur aussi léger que possible. Il s’adressa à cet effet à Froment, l’habile et ingénieux constructeur qu’une mort prématurée a récemment enlevé à l’industrie et aux sciences. Froment livra une petite machine presque entièrement faite d’aluminium, et qui pesait à peine plus de 2 kilogrammes. Au mois de mai 1863, ce petit moteur fut essayé sans être muni d’ailes hélicoïdales. Au bout de très peu de temps, le serpentin