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dont quelques-uns ne sont que des projets à peine définis. A tout prendre, ce sont les machines à vapeur d’eau ou à deux vapeurs combinées qui nous semblent promettre les perfectionnemens les plus certains : elles laissent un très vaste champ aux recherches, car l’on n’a fait jusqu’ici que bien peu de tentatives pour juger de l’aptitude de ces machines à résoudre le problème de la locomotion atmosphérique. On en pourra juger par quelques indications qui résument l’histoire des essais, faits pour donner le mouvement aux appareils aériens.

Dès l’année 1784, MM. Lannoy et Bienvenu apportèrent à l’Académie des Sciences un modèle d’appareil qui s’élevait au moyen d’hélices mises en mouvement par un ressort. La petite machine consistait en un axe vertical au milieu duquel était placé un barillet, En haut se trouvaient deux ailes inclinées en sens contraires ; deux ailes semblables étaient fixées à la partie inférieure. Le rapport, présenté à ce sujet dans la séance du 1er mai, 1784 est signé des académiciens Jeanrat, Cousin, Meusnier[1] et Legendre. « L’effet de cette machine, disait le rapport, est très simples lorsqu’après avoir bandé le ressort et mis l’axe dans la situation où l’on veut qu’il se meuve, dans la situation verticale par exemple, on a abandonné la machine à elle-même, l’action du ressort fait tourner rapidement les deux ailes supérieures dans un sens et les deux ailes inférieures en sens contraire. Ces ailes étant disposées de manière que les percussions horizontales de l’air se détruisent et que les percussions verticales conspirent à élever la machine, elle s’élève en effet et retombe ensuite par son propre poids. Tel a été le succès du petit modèle, du poids de trois onces, que MM. Lannoy et Bienvenu ont soumis au jugement de l’Académie. Nous ne doutons pas qu’en mettant plus de précision dans l’exécution, de cette machine, on ne parvienne à en construire de plus grandes et à les élever plus haut et plus longtemps ; mais les limites en ce genre ne peuvent être que très étroites. » C’est donc, comme on le voit, à une date assez ancienne que remonte l’origine des appareils que l’ont appelle maintenant hélicoptères, c’est-à-dire munis d’ailes en hélice, MM. Lannoy et Bienvenu employaient comme moteur un ressort, se détendant dans un barillet. C’est sous une forme analogue que se produisirent de 1861 à 1863 les divers appareils, construits par les soins de MM. de Ponton d’Amécourt et de La Landelle, et à l’aide desquels furent faites dans Paris plusieurs démonstrations publiques des principes de l’aviation. Les

  1. C’est le même Meusnier qui fût général du génie et qui a laissé d’importans travaux sur l’aérostation.