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l’air, de ceux que, par opposition aux aérostats, on a appelés des aéronefs[1].

Les systèmes d’après lesquels on propose de construire ces machines rentrent en général dans une des trois catégories suivantes. — On peut, en premier lieu, se servir d’une ou plusieurs surfaces qui agiraient à la façon des parachutes en s’appuyant sur l’air, et qui remonteraient successivement en prenant, à la montée, la forme nécessaire pour n’éprouver qu’une faible résistance. Qu’on se représente par exemple deux parapluies conjugués dont chacun se déploie pour soutenir le corps et se ploie pour remonter. Dans cette catégorie, il faut encore ranger les systèmes munis de palettes qui se placent horizontalement pour battre l’air et qui se relèvent verticalement ; les oiseaux sont à peu près dans ce cas. — En second lieu, on peut employer une surface légèrement inclinée et à laquelle on communique un mouvement horizontal. L’air résiste à ce mouvement ; une partie de cette résistance, c’est-à-dire la composante verticale, peut vaincre l’action de la pesanteur et enlever le corps. On aura une idée d’un pareil système en songeant au cerf-volant ; seulement le cerf-volant est tiré par une force extérieure, tandis que la machine proposée devrait avoir en elle-même la cause de son impulsion horizontale. — Si maintenant, au lieu de donner à la surface inclinée un mouvement rectiligne, on suppose qu’elle tourne autour d’un axe vertical, on aura une troisième série d’appareils, les systèmes à hélice. Il sera nécessaire, afin que l’axe ne prenne pas aussi un mouvement de rotation, de faire tourner en même temps, dans les deux sens contraires, des jeux superposés d’ailes équivalentes ; nous disons équivalentes et non pas égales, car les ailes inférieures, se mouvant dans un courant produit par les ailes supérieures, et ne se trouvant pas par conséquent dans les mêmes conditions que celles-ci, devront sans doute, pour produire le même effet, avoir soit une forme, soit une surface différente. Les jouets connus sous le nom de spiralifères ont d’ailleurs vulgarisé la notion

  1. Nous adoptons le mot aéronef comme ceux d’aviation, d’aviateur, qui sont commodes dans le discours et qui sont maintenant entrés dans l’usage commun. M. de Ponton d’Amécourt avait, au début de ses travaux, donné le nom d’ef à l’appareil destiné à porter l’homme dans les airs. Ef venait d’avis (oiseau), comme nef vient de navis (vaisseau). Ce mot se rattachait donc à la même racine que ceux d’aviation et d’aviateur, et indiquait comme eux la préoccupation d’imiter le vol de l’oiseau. M. d’Amécourt a renoncé depuis à cette appellation, d’ailleurs originale et expressive. Oserons-nous dire le motif de ce changement ? L’inventeur a reculé devant la crainte de mauvaises plaisanteries. Au milieu des controverses qui se sont élevées récemment sur la navigation aérienne, on a vu d’ailleurs une série de nouveaux vocables s’introduire dans le langage : aéromotion, aéromotive, aéroscaphe, orthoptère, aéroplane, gyroptère, hélicoptère, volateur, etc.