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Janeiro des projets d’appareils dont la réalisation lui paraît facile. Enfin, depuis deux ou trois ans, plusieurs jeunes mathématiciens, appliquant le calcul aux problèmes difficiles que soulève la locomotion aérienne, ont conclu à la possibilité de solutions prochaines, et dans ce genre nous devons placer en première ligne M. Landur. On trouve donc dans le camp des aviateurs une petite phalange de calculateurs et de savans ; ils se montrent en général, — avons-nous besoin de le dire ? — moins décisifs que les autres dans leurs conclusions et plus réservés dans leurs espérances. En tout cas, leur enthousiasme tient compte des véritables données du problème et respecte les lois de la physique. Si donc nous signalons, chemin faisant, dans les pages qui vont suivre, certaines opinions tout à fait singulières qui n’ont rien de commun avec la science et qui tendent à nous promettre une conquête trop facile des domaines de l’air, on se gardera de faire tomber nos critiques sur ceux à qui elles ne s’adressent pas. Cette réserve faite, nous essaierons d’indiquer rapidement en quels termes se pose actuellement le problème de la navigation aérienne.


I

Une question préjudicielle se présente naturellement : faut-il perdre tout espoir de diriger les ballons ? Dans un air absolument calme, les ballons se dirigent. Une expérience intéressante a été faite à ce sujet dans le vaisseau du Palais de l’Industrie à Paris au moyen d’un aérostat captif. Cet appareil, trop petit pour porter un homme, était muni d’organes de mouvement que l’on dirigeait d’en bas à l’aide de poulies de renvoi : il obéissait facilement à mon moteur dans le vaisseau clos où il était contenu. Cependant, à peine les ballons se trouvent-ils en présence de vents même très faibles, de vents n’ayant qu’une vitesse de deux à trois mètres par seconde, toute la puissance motrice qu’ils peuvent emporter avec eux se trouve paralysée ; l’action du vent sur la surface de l’aérostat devient prépondérante et rend inutiles tous les engins à l’aide desquels l’aéronaute essaie d’agir sur l’air. Sans doute, impuissant à lutter contre les courans atmosphériques, le ballon peut les employer comme auxiliaires ; il peut, dans une certaine mesure, choisir le sens de sa marche, en trouvant par d’habiles manœuvres le flux d’air qui doit le pousser. C’est là une ressource qui n’est point à dédaigner dans la pratique et dont les progrès de la météorologie augmenteront l’importance. Néanmoins, s’il s’agit de se diriger en tous sens dans l’atmosphère et d’y suivre une marche sûre, c’est là un effet qu’on ne peut espérer que des appareils plus lourds que