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à diriger les aérostats, c’est-à-dire les appareils gonflés d’un gaz moins dense que l’air, et qui s’élèvent dans l’atmosphère ! en vertu de leur légèreté relative. Ces appareils en effet offrent toujours une très grande surface, et en raison de cette circonstance la force motrice dont ils peuvent disposer ne leur permet pas de lutter contre l’action du vent. Que faire dès lors ? Imiter les oiseaux, qui volent en étant beaucoup plus lourds que l’air. L’appareil que proposent les aviateurs consiste donc en une machine motrice qui doit s’élever elle-même soit en battant l’air avec des ailes, soit en se vissant dans l’atmosphère à l’aide d’une ou des plusieurs hélices. Ce n’est point d’ailleurs la première fois que l’on propose de résoudre ainsi le problème de la locomotion aérienne, et les récens prometteurs de cette solution ne se piquent pas de l’avoir inventée, Ce qui leur appartient en propre, c’est d’avoir organisé une sorte d’agitation autour de cette idée. Ils ont réussi à créer une société d’encouragement pour la locomotion aérienne au moyen d’appareils plus lourds que l’air. Organisée à titre provisoire au mois de janvier 1864, cette société a été définitivement constituée au mois de mai de la même année sous la présidence de M. Barral. Elle se propose un double but : elle cherche à réunir des fonds pour faire des expériences ; elle veut aussi centraliser les recherches des inventeurs et faire fructifier leurs travaux en les soumettant à un comité d’examen.

« Cherchez, et vous trouverez ! » dit la sagesse des nations. Vous trouverez souvent tout autre chose que ce que vous cherchez. Un savant découvre quelquefois dans les cornues de son laboratoire des corps nouveaux auxquels il ne songeait pas. Les alchimistes du moyen âge, qui s’ingéniaient à produire la pierre philosophale et l’élixir de longue vie, n’y sont pas parvenus ; mais ils ont amassé de précieux matériaux d’où est sortie la chimie moderne. Colomb lui-même cherchait les Indes orientales quand il a trouvé l’Amérique. Quelque opinion, que l’on ait donc sur la possibilité d’atteindre le but que poursuivent les aviateurs, on ne saurait qu’applaudir à la formation d’une société qui ne peut manquer d’avoir quelque utilité. Jusqu’à ce jour, il faut l’avouer, les ressources financières qu’elle a pu réunir ont été trop faibles pour lui permettre de commencer des expériences. Jusqu’ici, également, le travail de son comité d’examen semble avoir été assez stérile. Néanmoins ces libres associations sont d’un exemple salutaire à une époque où l’esprit d’initiative a besoin d’être excité. Il est toujours bon de voir des hommes qui se réunissent et qui, sans rien demander au gouvernement ni aux académies, consacrent leur temps et leur argent à poursuivre la réalisation d’une idée qu’ils croient praticable. Quant