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de ces enfans des deux sexes, assis sur les bancs et pour ainsi dire étages, selon les âges, de gradin en gradin, comme des espaliers en fleur au versant d’un coteau, offre tout d’abord un coup d’œil intéressant. L’éducation est naturellement très élémentaire : elle se borne à communiquer quelques notions utiles, et pour mieux les graver elle fait intervenir au besoin l’action et la mimique. Ces enfans répondent tous ensemble aux questions que leur adresse la maîtresse en frappant leurs petites mains l’une contre l’autre et en mesurant leurs paroles sur une sorte de ton rhythmé. Les plus avancés apprennent aussi à lire et à écrire. On les divise en plusieurs classes, qui portent chacune le nom d’une fleur, de sorte qu’une petite fille peut être une violette, une rose, une marguerite ou un géranium. L’autre école est celle des adolescens, et s’intitule la national school[1]. Elle est séparée de l’église par la maison du vicaire et entourée d’une cour pour les récréations (play ground). Ce lien de famille entre le presbytère et l’école n’est d’ailleurs point particulier à l’église établie : il n’y a guère de chapelle dissidente qui n’abrite aussi sous son aile une ruche bourdonnante d’enfans. Dans la national school se tiennent les classes du jour, suivies par cent trente élèves, et les classes du soir, auxquelles assistent une trentaine d’adultes. Le maître reçoit 80 livres sterling (2,000 francs) de la paroisse et à peu près 25 livres sterling (625 francs) du gouvernement, sans compter 10 autres livres sterling pour l’instruction de six apprentis sous-maîtres (pupil-teachers). Il a en outre une maison et un jardin. Dans le même bâtiment, consacré aux classes de la semaine, se tient aussi l’école du dimanche (sunday school). L’origine de cette institution est assez intéressante. : La première école du dimanche fut ouverte en 1781 par Robert Raikes, un libraire, qui réunit alors dans la crypte de la cathédrale de Gloucester quelques pauvres enfans ramassés dans la rue. Il publiait en même temps un journal (the Gloucester,s Journal), et se servit de cet organe pour propager en Angleterre l’idée d’une œuvre à laquelle il attachait avec raison une grande importance[2]. Les progrès d’une telle institution tinrent en quelque sorte du merveilleux, et les sunday schools couvrent aujourd’hui comme d’un réseau non-seulement

  1. A l’infant school, les enfans paient denier par semaine ; à la national school, 2 deniers.
  2. Il avait été aidé et inspiré dans cette œuvre par le révérend Stock, curé de Saint-John’s à Gloucester. Dans le chevet de cette église, on lit l’inscription suivante, gravée sur un monument de marbre érigé par les souscriptions des habitans : « A la mémoire du révérend Thomas Stock, recteur de cette paroisse, qui le premier, d’accord avec M. Raikes, établit et maintint les quatre premières écoles du dimanche instituées en Angleterre. Il mourut en 1803. »