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légèrement avec de pareils titres. Ce fut pourtant un membre du clergé, le docteur Paley, qui, frappé lui-même des inconvéniens de cet impôt, proposa de le convertir. L’état inquiétant de l’église d’Irlande, où la perception de la dîme rencontrait de la part des catholiques une résistance opiniâtre, détermina le succès d’une mesure qui, recommandée dès 1832 par les comités des deux chambres, ne fut définitivement adoptée qu’en 1838. Dans chaque paroisse de la Grande-Bretagne, à la dixième partie des denrées constituant les grandes et les petites dîmes fut substitué un paiement annuel représentant la valeur des anciennes offrandes. Un consentement mutuel entre les propriétaires du sol et les propriétaires des dîmes fixa presque partout les termes de ce changement, et dans le cas où les parties intéressées ne réussissaient point à s’entendre, des commissaires intervinrent pour les mettre d’accord. Cet impôt est maintenant assis sur la propriété foncière, mais il peut varier selon le prix des grains à partir des sept dernières années. Pour éviter toute contestation, le contrôleur des céréales (controller of corn-returns) publie au mois de janvier la valeur moyenne d’un boisseau de blé, d’orge et d’avoine durant la période fixée par la loi. Le bénéficier reçoit ainsi en argent, et non plus en nature, sa part de la récolte. Un tel système d’impôt flottant introduit, il est facile de le prévoir, quelque incertitude dans les revenus du vicaire ou du recteur. Je suppose que les dîmes aient été rachetées pour 300 livres sterling par an ; il se peut néanmoins que, par suite des variations dans le prix des céréales, le ministre reçoive tantôt 260 livres sterling, et tantôt 340.

À la plupart des presbytères anglais sont en outre attachées des terres, connues sous le nom de glebe-lands, que le vicaire est libre d’affermer ou de faire valoir par lui-même. Les church-rates (taxes de l’église) sont surtout affectées à l’entretien de l’édifice religieux. Les offrandes de Pâques (Easter offerings) forment une sorte de contribution volontaire. Tous les ans, à Pâques, le clerc de la paroisse va présenter, de la part du vicaire, un petit livre aux familles nobles ou bourgeoises en les priant d’y inscrire leur offrande. Quant au casuel (surplice fees), il se compose, comme chez nous, des sommes payées pour les baptêmes, les mariages et les enterremens. Toutes ces sources réunies constituent ce qu’on appelle en Angleterre un living (ensemble de moyens d’existence), car le pasteur ne reçoit point de traitement proprement dit. Entre les bénéfices règne d’ailleurs la plus grande inégalité : les uns sont une sorte de terre promise où coulent le lait et le miel ; d’autres ressemblent au désert infertile de Chanaan.

Il existe en Angleterre plus de dix mille paroisses, qui différent