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vénalités est le grand argument des radicaux et de la fraction des whigs qui s’en rapproche par les opinions. A leurs yeux, il n’y a qu’un moyen sûr d’y aboutir, c’est l’élargissement des cadres électoraux. Le Royaume-Uni ne comte que 1,221,000 électeurs, qui font une assez médiocre figure auprès des 10 millions qui couvrent nos listes. Nous avons à peu près 1 électeur pour 4 habitans ; les Anglais n’en ont qu’un sur 23 : ils ne seront à notre niveau que lorsqu’ils auront 7 millions d’électeurs. Comme on le voit, les distances, sont grandes. Les conditions de l’électorat sont pourtant assez larges chez nos voisins ; on y peut arriver de diverses manières. Tous les anciens francs-tenanciers qui jouissent d’un revenu annuel de 40 shillings sont inscrits de droit ; c’est un legs de la conquête normande que l’acte de 1832 a respecté. Il existe aussi une clause connue sous le nom de clause Chandos, qui confère le droit d’élire à tout citoyen justifiant qu’il est propriétaire d’une maison ou d’un bien valant 40 livres sterling. Ces deux catégories relèvent de l’ancienne coutume, qui n’est guère applicable qu’aux élections de comtés. Pour les bourgs et les villes, la formalité se réduit à une clause très simple. Est électeur tout propriétaire où locataire d’une maison ou partie de maison qui représenté 10 livres sterling de loyer. Le droit est donc inhérent à un certain minimum de valeur locative. C’est là-dessus que le débat peut se rouvrir. Cette base est-elle la meilleure ; ou bien convient-il de lui en substituer une autre, par exemple les taxes auxquelles toutes les classes de la communauté sont assujetties, et qui feraient descendre le droit d’élire dans des masses plus profondes. Il y a plusieurs projets dans ce sens ; il y en a d’autres qui, en conservant le loyer comme étalon, abaissent de quelques livres sterling le minimum de quotité exigé par la loi actuelle. De ces projets prématurés il n’y a rien à conclure ; de tels actes ne sont sérieux que quand ils prennent une forme régulière et se produisent sous la responsabilité du gouvernement ou des grands partis : nous les verrons à l’œuvre ; mais on peut prévoir d’avance que le droit d’élection, quoi qu’il arrive, sera placé où il doit être pour être exercé avec discernement. Les portes ne seront pas ouvertes sans mesure ni réserve. L’Angleterre attache au suffrage politique un certain prix et n’est pas d’humeur à le jeter à tous les vents ; elle ne jouera pas sur un coup de dés, comme de bien des côtés on l’y invite, l’économie entière d’un régime d’où elle a tiré une bonne partie de sa grandeur.


LOUIS REYBAUD.


RECHERCHES NOUVELLES SUR LE SYSTÈME PÉNITENTIAIRE,[1].


Lorsque nous disions récemment dans la Revue[2] que tout semblait annoncer le réveil de la question pénitentiaire, nous étions loin de penser qu’à l’instant même, et comme par enchantement, cette question allait

  1. Observations sur le système pénitentiaire, par M. N. Alfaro, envoyé par le gouvernement espagnol (1862-1864 ) en mission scientifique à Londres et à Paris.
  2. Du 1er juin.