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ront mieux connaître les premiers temps de la société chrétienne. Le moment est favorable pour s’occuper des origines du christianisme. Bientôt sans doute l’attention générale sera ramenée avec éclat sur cette époque, comme elle le fut il y a deux ans sur la vie de Jésus-Christ. Les polémiques auxquelles nous avons assisté vont recommencer. Les discussions seront de nouveau remplacées par les dispute. Comme c’est l’usage, le bruit assemblera les badauds. La, science, qui ne reconnaîtra plus là son public ordinaire, et que d’ailleurs le tumulte effarouche, ne tardera pas à s’éloigner et laissera la passion discuter à sa place. Avant que ce moment arrive, hâtons-nous de toucher à cette question, quand elle n’est pas devenue trop populaire et qu’on peut encore s’en occuper sans trop amasser de curieux.


I

Avant d’arriver à ce qui est son œuvre particulière et originale, M. de Rossi commence par traiter rapidement quelques questions générales sur lesquelles, après bien des discussions, les savans semblent s’être mis d’accord de nos jours. Par exemple, ils n’ont plus de doutes au sujet de l’origine et de la destination primitive des catacombes. Je vais rapporter en quelques mots les conclusions auxquelles ils se sont arrêtés[1].

Les catacombes sont le lieu où les premiers chrétiens enterraient leurs morts. Il n’est plus possible de le nier aujourd’hui, quoi qu’aient prétendu quelques écrivains sceptiques du siècle dernier. La sépulture était regardée par les chrétiens comme une chose très importante. La croyance à la résurrection des corps faisait qu’ils attachaient beaucoup de prix à la dépouille mortelle, elle leur donna de bonne heure l’habitude d’en prendre soin. Ils auraient eu horreur d’imiter les païens et de précipiter, comme eux, les cadavres des pauvres gens dans ces fosses communes (puticuli), sortes, de puits où on les laissait pourrir. On voit qu’il était défendu chez eux de mettre deux corps l’un sur l’autre. Il fallait que chacun eût sa place particulière où il reposât seul en attendant le jour du ré-

  1. Ces conclusions ne sont pas nouvelles pour les lecteurs de la Revue. Un des esprits les plus curieux et les plus éveillés de notre temps, que les années laissent toujours jeune, et qui, au lieu de se contenter de relire, comme tant d’autres, conserve le goût le plus vif pour les choses nouvelles, et se charge volontiers de nous les faire connaître, M. de Rémusat, a déjà rendu compte dans ce recueil des découvertes de M. de Rossi (voyez la Revue du 15 juin 1863). Je n’ai garde d’essayer de refaire ce qui a été une fois bien fait. Aussi serai-je court sur les points que M. de Rémusat a traités. J’insisterai au contraire sur ceux qu’il a volontairement laissés dans l’ombre.