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cliniques, et il en a trouvé plus qu’on ne penserait. On savait peu de chose autrefois, mais ce peu, personne ne l’ignorait. Les poètes modernes, excepté Molière, sont moins techniques. Le perfectionnement des sciences les a rendues moins populaires, et comme il est plus difficile de savoir très bien, on renonce même à savoir à peu près. Trois chapitres sur Galien, dont M. Daremberg achève la traduction, puis sur l’édition de Paul d’Égine donnée par M. Brian, sur l’état de la chirurgie au VIIe siècle, sont la suite naturelle du précédent. L’histoire de l’école de Salerne par M. Renzi et la publication de la Collectio Salernitana offrent l’occasion de parler des origines obscures et des principes médicaux de cette école pendant la première période du moyen âge. Les erreurs et les hypothèses sont ici mieux réfutées que la question n’est éclaircie. L’école de Salerne n’a pas été fondée par les Arabes, qui ne sont venus que deux siècles plus tard. La même raison, assez péremptoire, empêche d’attribuer l’origine de cette école aux princes lombards du Bénévent, aux bénédictins, à Constantin, etc. Peut-être est-il permis de supposer qu’elle est née toute seule et lentement, comme il est arrivé de bien des écoles et des universités. Peu d’entre elles cependant ont duré, comme celle-ci, plus de mille ans. Elle n’avait pas encore disparu au dernier siècle, et la Faculté de Paris la consultait en 1748 au sujet de la querelle des médecins et des chirurgiens.

Nous ne pouvons examiner avec détail chacun des chapitres de ce livre, mais il est impossible de ne point parler de l’un des plus intéressons, et qu’un médecin instruit dans l’histoire des sciences et l’histoire proprement dite pouvait seul écrire. Il s’agit de ce livre étrange que le roi Louis XIV faisait tenir sous ses yeux tant des médicamens qu’il prenait que des effets de ces médicamens. Quelle singulière comptabilité ! que d’ignorance chez les médecins ! combien de faiblesses chez le malade ! Eux et lui sont dignes de Molière. Si quelques rares personnes ont trouvé dans cet exposé de la santé du roi quelques motifs d’admirer son courage au milieu des maladies et des médecins, sa constance à supporter ce que Valot appelle des remèdes héroïques, d’autres ont été froissés, je n’ose dire un autre mot. Le courage dépasse un peu celui de M. de Pourceaugnac, et voilà tout ; mais la grandeur de ce grand roi n’est vraiment trop ici qu’une apparence. On ne doit pas reprocher à un homme d’être malade, mais on peut blâmer un souverain d’être sans cesse atteint de maladies ridicules, dues aux moins nobles passions, et d’en faire un tel étalage. Ces personnes charmantes ou touchantes qui passent pour avoir aimé un monarque aimable et brillant sont elles-mêmes atteintes par de telles révélations. Les souverains ne doivent pas rendre trop difficiles les illusions de l’amour, de l’admiration et du respect. C’est un devoir envers leurs courtisans et leurs maîtresses. Une chose d’ailleurs est plus choquante que le livre lui-même, c’est le plaisir que prenait Louis XIV à s’en faire lire de temps à autre quelques passages. Peu de contemporains de Racine étaient plus dénués de délicatesse et de goût.