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nous songeons aux États-Unis, nous ayons une autre préoccupation que la curiosité de voir comment ce pays réparera les maux de la guerre civile d’où il sort ? Il y a malheureusement aujourd’hui entre les États-Unis et nous l’affaire du Mexique. Nous le répétons, nous ne craignons point que les États-Unis dirigent contre nous à propos du Mexique une agression délibérée ; cependant la pierre d’achoppement est là, il serait imprudent de l’oublier. La patience politique de M. Seward n’est pas du goût de tous les hommes d’état américains. Deux personnages importans, le secrétaire de l’intérieur, M. Harlan, et l’ancien ami de M. Lincoln, M. Montgomerry Blair, ont fait entendre en de récentes occasions des paroles de mauvais augure sur l’établissement d’un empire au Mexique, sur la doctrine de Monroë, et M. Blair est allé jusqu’à insinuer que dans cette affaire un dissentiment existerait entre M. Seward et le président. Nous ne voulons point prendre ces boutades au tragique, nous ne rions cependant que d’un œil en répétant le cri de Géronte : Qu’allions-nous faire dans cette galère ?

E. FORCADE.


UN DICTIONNAIRE INTERNATIONAL FRANÇAIS ET ANGLAIS[1].


Il n’est pas de livres qui rendent plus de services que les dictionnaires, et à qui l’on en sache moins de gré. Pourtant, avec le peu de goût que nous avons pour l’étude des langues étrangères, il nous siérait de ne pas ménager notre reconnaissance à ceux qui nous facilitent et nous abrègent un travail auquel nous ne nous livrons qu’à la dernière extrémité. À ce titre nous devrions une singulière gratitude aux auteurs du nouveau dictionnaire français et anglais dont la seconde partie, achevée, comme la première, sous la direction de M. Hingray, vient d’être livrée au public. On ne saurait nier que ce double lexique ne soit à plusieurs égards supérieur à ceux qui l’ont précédé. Il arrive souvent dans cette sorte d’ouvrages, quand ils sont dus à une seule personne, que l’une des deux langues qui y figurent est sacrifiée à l’autre. Ici, la collaboration d’hommes compétens des deux pays établit entre les deux langues un équilibre qu’il est difficile d’atteindre à ce degré. Ainsi de part et d’autre la nomenclature a été puisée aux sources les plus pures. Pour qui veut apprendre à fond une langue littéraire comme le français ou l’anglais, il faut, soit qu’on lise les classiques, soit que l’on s’essaie à écrire soi-même, pouvoir suivre les mots dans leur passage du sens propre au sens figuré, du sens particulier au sens général, dans ces acceptions variées que prend chaque vocable un peu important dans tout idiome qui a servi d’instrument à un riche développement intellectuel. Une des parties les plus soignées et qui méritent le plus d’attirer l’attention dans le nouveau dictionnaire, c’est la liste des sens différens de chaque mot ; ces sens, groupés méthodiquement, sont éclaircis dans les deux langues par des exemples tirés des meilleurs auteurs, et surtout des contemporains.

G. PERROT.

V. DE MARS.
  1. Dictionnaire international français et anglais, par MM. H. Hamilton et E. Legros, Ch. Fouraut, 1865, gr. In-8°, 903 pag. à trois colonnes.