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gramme d’avenir, toutes les mesures qui pourront faire monter le peuple en intelligence, en moralité, en influence politique. Dégagé des liens d’Oxford, M. Gladstone s’est posé devant les électeurs du comté de Lancastre comme planant au-dessus des combinaisons et des conventions de parti, et ne voulant plus être désormais que l’ouvrier du bien public, l’homme du pays.

Le résultat des élections anglaises est à coup sûr favorable au progrès des idées libérales. La majorité un peu confuse, il est vrai, que couvre la dénomination flottante de libérale, a gagné environ 26 voix à ces élections. Cependant il serait difficile de préjuger d’après ce chiffre quel pourra être le classement des partis sur certaines questions essentielles, et surtout dans les circonstances où les combinaisons de cabinets seraient en jeu. Parmi les questions politiques que devra débattre le prochain parlement, celle de la réforme électorale viendra inévitablement en première ligne. Lord Palmerston ne s’est jamais soucié de cette réforme, et croit sans doute avoir rendu un grand service à son pays en usant de sa rare popularité pour l’ajourner depuis six ans ; mais d’autres ministres, lord Russell, M. Gladstone, sont engagés sur la réforme, et ne semblent pas pouvoir se prêter longtemps à une politique de temporisation. Le malheur, c’est que sur la question de réforme l’unité du parti libéral ne pourra se maintenir. C’est dans une section du parti libéral qui compte parmi ses membres des hommes très éclairés, très éloquens, qui ne sauraient être considérés commodes traînards opiniâtres de l’opinion conservatrice, des orateurs par exemple tels que M. Lowe et M. Horsman, que l’idée de réforme électorale rencontre l’opposition la plus vive. Lord Palmerston d’ailleurs restera-t-il longtemps ministre ? Des journaux tories prétendent qu’il veut se retirer ; on ne l’eût point dit aux discours alertes qu’il a prononcés à Tiverton. Si lord Palmerston prenait sa retraite, M. Gladstone pourrait-il céder le premiership à lord Russell ? Ne prendrait-il point la conduite de la chambre des communes ? N’y aurait-il pas une scission au sein du parti libéral en présence d’un ministère décidément réformiste ? Sans essayer de pousser à fond ces conjectures, on peut prédire que la vie de la prochaine chambre des communes sera plus accidentée que la longue existence de la chambre précédente.

Le nœud de la question des duchés serait-il près enfin de se serrer ? On le dirait au mouvement des cours allemandes. Les cours secondaires posent enfin au sein de la diète des questions précises à la Prusse. Pour devenir plus pressantes, ces cours ont attendu que l’Autriche eût terminé sa crise ministérielle, La cour de Vienne est maintenant plus libre dans ses allures ; M. de Mensdorf-Pouilly, aujourd’hui président officiel du cabinet, va presser sans doute M. de Bismark de s’expliquer sur ses intentions et d’accorder enfin aux duchés une existence régulière. Il parait que la cour de Vienne est décidée à faire quelques concessions au cabinet de Berlin ; mais du jour où elle aura marqué explicitement la limite de ces concessions,