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devaient être occupés jusqu’au paiement des indemnités de guerre ; ils donnèrent des ordres pour l’évacuation de Chusan et prescrivirent le rembarquement des troupes destinées à rentrer directement en Europe ou dans l’Inde. Il était temps : les escadres, qui depuis plus de deux mois étaient demeurées à l’ancre dans le golfe de Pe-tchi-li, fournissant la garnison qui gardait les forts de Takou et assurant l’envoi des approvisionnemens et des munitions, avaient eu beaucoup à souffrir, et il leur eût été difficile de prolonger leur station à ce mouillage, devenu périlleux. L’opération du rembarquement et les départs se firent avec le plus grand ordre. La campagne était donc terminée.


Telle a été cette expédition, à la fois diplomatique, militaire et maritime, qui, en moins d’un an, a transporté les drapeaux de la France et de l’Angleterre jusqu’aux extrémités de l’Asie, dans la capitale d’un pays de trois cents millions d’hommes, à Pékin : expédition vraiment extraordinaire, qui n’a point sa pareille dans l’histoire de notre siècle, et qui est inscrite dans les annales chinoises en caractères indélébiles. Les murailles de Pékin ont répété l’écho de nos tambours et de nos clairons ; la cité sainte a vu nos bataillons camper dans ses pagodes ; la vieille église catholique, que l’on croyait à jamais fermée, s’est rouverte, et le Te Deum y a retenti. Dans cette ville où naguère encore les ambassadeurs étrangers n’étaient admis qu’en palanquins bien clos, comme si leurs regards devaient la profaner, nos soldats se sont promenés au milieu des foules surprises et à travers mille choses inconnues : l’enfant de Paris était là tout à l’aise dans cette nouvelle garnison, familier dès le premier jour avec la Chine, tutoyant Pékin et ravi de révolutionner une capitale. Quel tableau !

Mais il ne serait pas juste que la singularité et la poésie de cette expédition nous fissent oublier ce qu’elle présentait aussi de sérieux et de difficile. Il n’était pas aisé d’aller ainsi à Pékin. Si l’on étudie attentivement les documens anglais et français qui ont été publiés et qui, émanant de sources différentes, se complètent et se contrôlent les uns par les autres, on doit avouer qu’il n’y a peut-être pas de campagne de guerre qui, relativement, ait imposé au général en chef une responsabilité plus lourde, ni qui ait dû, dans le court espace de deux mois, inspirer de plus vives préoccupations. Battre les Chinois, l’événement a prouvé qu’avec une poignée de vaillans soldats il était assez facile d’en venir à bout ; mais encore, après la résistance éprouvée à l’assaut des forts de Takou, fallait-il une certaine audace pour s’aventurer, à la tête de quelques milliers d’hommes, dans un pays complètement inconnu, à la ren-