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guement débattue à Tong-chaou ; mais le prince Kong n’était point fondé à adresser sur ce point au baron Gros les mêmes observations qu’à lord Elgin, car on se souvient que la question, après avoir été mentionnée par l’ambassadeur français dans la correspondance précédemment échangée à Tien-tsin, n’avait point été rappelée par lui ni par son secrétaire à Tong-chaou, et il était facile de juger, d’après l’événement, ce qu’il y avait eu de prudence et de sagesse dans cette omission. M. de Bastard s’était aisément et en très peu de temps mis d’accord avec les commissaires chinois, tandis que cette malencontreuse affaire de l’audience avait prolongé et envenimé le débat entre le prince Tsaï et MM. Loch et Parkes. Lord Elgin comprit sans doute que sa responsabilité pouvait être jusqu’à un certain point engagée par cet incident. N’avait-il pas été autorisé et même invité par ses instructions à ne point insister pour être reçu en audience par l’empereur de Chine ? En outre les négociations nouvelles ne pouvaient que gagner à être débarrassées de cette complication. Il saisit donc l’occasion d’éclairer le prince Kong sur l’origine et sur la portée de la demande qui avait si vivement ému le prince Tsaï, et il inséra dans sa réponse à la dépêche chinoise du 22 septembre un paragraphe ainsi conçu :


« Le prince allègue qu’une discussion s’est élevée sur la remise de la lettre adressée par sa majesté la reine d’Angleterre à sa majesté l’empereur de la Chine, lettre dont le soussigné est porteur, et il paraît croire qu’il a été pour la première fois question de cette lettre dans la communication qui a été adressée au prince Tsaï et à son collègue, le 17 septembre, par l’intermédiaire de M. Parkes. C’est une erreur… Le 3 septembre, le soussigné avait entretenu Kouei-liang de cette lettre et de la remise du message dans des termes absolument identiques. Ni à Tien-sin ni à Tong-chaou, il n’avait l’intention de faire de l’audience impériale l’objet d’une clause à insérer dans le traité. La remise des lettres de souverain à souverain et la réception par les souverains des ambassadeurs que leur envoient d’autres souverains avec lesquels ils désirent entretenir des relations d’amitié sont des marques de courtoisie admises et pratiquées dans tous. les états civilisés. Un état qui, tout en se prétendant civilisé, repousse ces actes de courtoisie réciproque s’expose nécessairement à voir mettre en suspicion ses protestations d’amitié. »


Par la même dépêche, lord Elgin, d’accord avec le baron Gros, qui écrivit de son côté dans le même sens, signifia au prince Kong qu’il lui était accordé un délai de trois jours pour rendre les prisonniers, et pour se décider à la signature de la convention arrêtée à Tien-tsin. A ces conditions, l’armée alliée ne dépasserait pas le campement de Pa-li-kiao. Après la signature, les ambassadeurs se