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visite ? ~ Pourquoi donc avoir choisi ce moment et non un autre ? — Quelques-unes de ces questions que j’ai mainte fois entendu poser à propos de la dernière « visite royale à Pesth me semblent appartenir de droit au public, — non pas au public austro-hongrois seulement, mais au grand public européen. Aussi vais-je tâcher d’y répondre en toute humilité, encouragé à me mêler de si graves affaires par la connaissance intime des hommes et des choses que m’a permis d’acquérir une résidence dans le pays peu interrompue depuis quatre ans. Ce simple récit de faits aura le mérite de tous les récits personnels : c’est que j’aurai vu ce que je raconte. Je ferai de mon mieux pour qu’il évite le défaut ordinaire de pareils documens : la partialité. Pour cela, je m’empresse de le dire, je trouve ma meilleure garantie dans les attaches également fortes qui des deux côtés me lient aux amis dont les convictions se combattent. Je raconterai des faits, laissant à d’autres à en tirer les conclusions.

Je l’ai dit, il est des questions que le public a le droit de poser, parce qu’elles touchent directement à ses propres intérêts ; il en est d’autres qui ne relèvent que d’une curiosité oiseuse, et qui, obtenant la réponse la plus détaillée, n’en seraient pas davantage expliquées. Par exemple, que gagnerait ce grand public qui n’apprend quelque chose que des événemens, que gagnerait-il à savoir si l’empereur François-Joseph s’est décidé tout seul à aller à Pesth, ou si quelque influence extérieure l’y a conduit, ou bien si tel ministre s’y est ou non opposé ? Devant l’événement, que font les argumens réfutés ou les convictions vaincues ? On n’a ici affaire qu’au fait, et le fait, c’est la visite du roi seul, sans aucun ministre à ses côtés, pas plus un de ceux qu’on pouvait supposer triomphans qu’un de ceux que l’on pouvait espérer convertis à la dernière heure. — pourquoi l’empereur est-il allé à Pesth ? — Ceci est autre chose, et, comme dans toute circonstance vraiment importante, la réponse est plus simple qu’on ne croit. François-Joseph est allé à Pesth pour la même raison probablement qui, cent vingt ans plus tôt, amenait à Presbourg Marie-Thérèse, parce qu’il était temps. A cela se lie la principale question, de toutes celle qui est à la fois la plus délicate et la plus inévitable : « pourquoi maintenant et pourquoi pas plus tôt ? » Afin de ne pas compliquer notre réponse, ne remontons pas pour le moment plus haut que l’année 1860, et reprenons la question hongroise au diplôme d’octobre ; quelques. dates suffiront.

Le résultat des délibérations de l’assemblée appelée le verstärkte reichsrath fut la prépondérance du parti hongrois et l’octroi du contrat ou charte connu sous le nom d’october-diplom. Dans le laps de temps compris entre le mois d’octobre 1860 et le mois de