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DEUX
VISITES ROYALES EN HONGRIE
1741 — 1865

Dans l’histoire, tout se reproduit, « Un miracle d’Autriche ! » disait Frédéric II, parlant de ces heureuses surprises qui ont tenu de tout temps une si grande place dans les annales de l’empire austro-allemand. Frédéric savait d’ordinaire assez bien ce qu’il disait, surtout quand il lui arrivait de louer un ennemi. Le mot qu’il appliquait à Marie-Thérèse et à son voyage de Presbourg en 1741 reste aujourd’hui encore celui qui caractérise le mieux l’importance d’une autre visite royale en Hongrie, celle de l’empereur François-Joseph dans l’été de 1865. Les deux événemens dans l’histoire moderne de l’Autriche se ressemblent par plus d’un côté. Les complications, l’état des partis, la somme, sinon le caractère des difficultés, tout est pareil. Ces deux visites mémorables évoquent forcément le parallèle. On assistait à l’une, on voudrait étudier l’autre, et cette idée de rapprocher le passé du présent, qui tente chaque jour les meilleurs esprits, trouve ici sa plus naturelle application.


I

L’année 1741 est une des plus agitées de cette vie que Marie-Thérèse appelait à tort « désastreuse. » Assise sur le trône depuis deux mois à peine (l’empereur Charles VI mourut le 20 octobre 1740), Frédéric II ne tarda pas à lui manifester de quelle nature serait l’affection dont il ne se lassait pas de prodiguer des assurances. Dans les premiers jours de décembre, il avait pris toutes