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ces institutions est une preuve certaine de la prospérité croissante de la masse du peuple pendant la guerre. Ajoutons que les travailleurs des états du nord ont en grande partie placé leur argent dans les fonds publics : l’accroissement du capital des caisses d’épargne ne représente donc que d’une manière très incomplète les économies réalisées par le peuple des États-Unis durant, les quatre années de la guerre civile.

Quant aux autres établissemens financiers, la plupart ont également prospéré. Les revenus des capitaux ont été à la fois très élevés et très régulièrement servis. En plusieurs endroits, les placemens mobiliers ont monté plus rapidement sur le marché que le prix de l’or. Payés en espèces, les dividendes de plusieurs sociétés, chemins de fer et compagnies d’assurances, de mines, de télégraphes et de caisses d’escompte, ont été plus considérables pendant la guerre qu’ils ne l’avaient été précédemment. De même les bénéfices de la plupart des transactions commerciales se sont accrus dans de fortes proportions. Ainsi le nord, bien loin de se trouver épuisé à l’issue des hostilités, a vu ses ressources s’accroître, et peut charger vaillamment sur ses épaules le fardeau de son budget.

Nous allons citer quelques faits de statistique à l’appui de ces conclusions générales, en ayant soin de prendre nos exemples dans les états du nord où les enrôlemens militaires ont produit, dit-on, les effets les plus désastreux. L’état d’Iowa, qui, sur une population de 675,900 habitans en 1860, a fourni depuis le mois de mai 1861 jusqu’en décembre 1863 une force totale de 52,240 hommes, a porté le nombre des hectares en culture de 1,378,000 en 1859 à 1,880,000 en 1862, et à 1,960,000 en 1863. Sa production en blé a monté, de 2,995,500 hectolitres en 1862 à 5,299,720 en 1863. L’Indiana1 a produit 5,509,540 hectolitres de froment en 1859 et plus de 7,200,000 hectolitres en 1863, bien qu’à cette époque, sur une population totale de 1,350,000 âmes, l’état eût donné plus de 124,000 combattans à l’armée.

Dans les états loyaux situés à l’est du Mississipi, les produits en houille, cuivre, plomb, fer et sel ont partout été plus élevés qu’ils ne l’étaient avant la guerre. Prenons pour exemple les districts miniers du Lac-Supérieur. En 1862, 115,721 tonnes de fer ont été chargées à Marquette, et plus de 200,000 tonnes en 1863. Les produits des mines de cuivre de ce même district ont suivi la progression suivante : en 1858, 3,500 tonnes ; en 1859, 4,200 tonnes ; en 1860, 6,000 tonnes ; en 1861, 7,400 tonnes ; en 1863, 8,548 tonnes. Ce dernier chiffre est supérieur de moitié au rendement de toutes les mines de cuivre si renommées de la Grande-Bretagne.

En 1858, la richesse minière du pays s’est encore augmentée d’un article dont la production, à peu près restreinte aux États-Unis, a suivi une progression presque sans exemple dans l’histoire du commerce et de l’industrie : nous voulons parler de l’huile de pétrole. Dans la statistique de 1860, le pétrole n’était pas même inscrit comme un élément de la fortune