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sous-secrétaire dans le cabinet danois. Le nom importait peu à l’affaire ; mais M. Vedel voulut savoir si la conférence prendrait pour biaise le traité de Londres, c’est-à-dire le principe de l’intégrité de la monarchie danoise. — L’intégrité de la monarchie ! s’écria le diplomate anglais, elle est indiscutable : c’est la femme de César, dont il ne doit pas même être parlé ! « Ce serait, dans mon opinion, une méprise (mistake) que de faire mention spéciale du traité de Londres, car ce serait faire supposer que la validité en pût être mise en doute. » Le gouvernement de Copenhague trouvait que c’était peut-être trop de respectueuse réserve ; il ne pouvait pas, dans tous les cas, préparer dans les vingt-quatre heures les notes qu’on lui inspirait : le nouveau cabinet n’avait même pas encore un ministre des affaires étrangères pour les écrire convenablement. Impatienté de ce retard et pressé par les événemens, aiguillonné surtout par l’Autriche, qui croyait qu’on ne devrait pas perdre un seul instant, le ministre britannique se décida enfin à faire lui-même la grave démarche. Déjà le 28 décembre il avait adressé aux cosignataires du traité de Londres (France, Russie, Autriche, Prusse, Suède et Danemark) une missive quelque peu philosophique, où, traitant à l’embarrassante et inextricable question de Slesvig-Holstein à un point de vue plus large et plus général, qui pourrait fournir un fil conducteur pour s’échapper du noir labyrinthe vers la clarté du jour, » il s’était efforcé d’établir les « principes d’un arrangement. » Il fallait pour cela tout simplement donner une égale satisfaction aux exigences du Danemark, maintenu dans son intégrité, et aux vœux de ses habitans d’origine allemande, — chose d’autant plus facile à l’heure qu’il est (disait lord Russell), que le nouveau souverain Christian IX « était né Allemand et naturellement disposé à traiter ses sujets germaniques avec la même libéralité que ses sujets danois. » Guidé par ces deux principes, le cabinet de Saint-James fit donc, le dernier jour de l’an 1863, la proposition formelle d’une conférence « pour traiter du différend entre le Danemark et l’Allemagne. » La conférence siégerait « à Paris ou à Londres, » serait composée des représentans des puissances signataires du traité de 1852, « plus d’un ministre de la diète germanique ; » enfin le statu quo serait maintenu dans les duchés jusqu’à l’achèvement des travaux de la réunion. C’est ce que lord Russell appelait les bases de la conférence, — bases que M. de Rechberg et M. de Bismark devaient encore manier et remanier pendant plusieurs semaines. Le ministre de Guillaume Ier s’élevait surtout contre la condition du statu quo, et, ce qui est bien plus curieux encore, c’est que le prince Gortchakov ne la goûtait guère non plus, « le statu quo, disait-il à lord Napier (dépêche du 5 janvier), étant la loi fondamentale votée