pas, sur cette dernière matière, se fendre (split) en deux camps opposés… »
Ainsi, vers la fin de 1863, les gouvernemens du Nord étaient « heureusement » d’accord avec l’Angleterre sur une question bien autrement importante que celle des duchés de l’Elbe, et rien de plus facile à coup sûr que d’indiquer le terrain sur lequel se fit le rapprochement et de nommer la grande puissance dont il n’est pas parlé dans ce nouveau concert européen si ingénument dénoncé, Rien aussi de moins étonnant au fond que de voir ici la Prusse expressément comprise dans la joyeuse « harmonie » qui charmait tant le vice-chancelier russe, bien que le cabinet de Berlin eût d’abord affecté une divergence d’opinion assez marquée et donné par cela même beaucoup de soucis à la candide diplomatie du foreign office. De toutes les grandes puissances en effet, la Prusse avait été la seule à répondre d’une manière presque sympathique à l’appel d’un congrès. Dans sa lettre à l’empereur Napoléon du 18 novembre 1863, le roi Guillaume Ier avait offert « son concours impartial et désintéressé à la tâche d’établir entre les puissances convoquées l’accord préalable sur le principe du congrès, » et il n’avait pas non plus décliné l’invitation de venir à Paris, « sûr qu’il était d’y retrouver l’accueil cordial qui lui rendait si cher le souvenir de son séjour à Compiègne. » Les mobiles de cette conduite sont aisés à comprendre. Trop heureux de voir lord Russell si alarmé, si complètement absorbé par la proposition française, M. de Bismark s’était bien gardé de le rassurer plus tôt qu’il n’était besoin, de lui rendre prématurément toute liberté d’esprit, de lui créer par exemple des loisirs qui lui auraient permis de penser sérieusement au péril du Danemark. « La Prusse n’avait rien à redouter de la proposition française, se plaisait à dire M. de Bismark dans ses conversations avec l’ambassadeur anglais pendant tout ce mois de novembre ; la Prusse n’étant jamais sortie de la limite des traités (il oubliait le grand-duché de Posen), elle n’avait pas d’intérêt direct à en empêcher la révision, devenue peut-être nécessaire. » Du reste, le ministre du roi Guillaume Ier n’avait-il pas lancé le premier, et dès l’été, ce mot d’un congrès européen, et n’était-ce pas au fait le moyen le plus simple de mettre fin aux « embarras » du conflit dano-allemand ? M. de Bismark se savait sans peur et sans reproche, — et en quoi donc, après tout, un appel suprême à la justice pouvait-il effaroucher la monarchie de Frédéric le Grand, une monarchie qui avait toujours eu pour devise ces deux mots sublimes et touchans : suum cuique ? Sir Andrew Buchanan fut assez déconcerté par un pareil langage ; dl prit la peine de ramener le président du conseil à une appréciation plus « pratique » des affaires, et ne se lassa pas de combattre une idéologie vraiment déplorable. Il insista sur les impossibilités de la