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l’ensemble des faits que met en lumière l’étude directe de la nature et qui constituent, à proprement parler, les sciences naturelles, voilà le plan que M. Pouchet a sans doute conçu d’abord quand il s’est proposé d’écrire un livre sur l’univers, et personne n’était mieux en état de réaliser cette conception que le savant directeur du Muséum d’histoire naturelle de Rouen. Le sujet, quelque vaste qu’il fût, pouvait très bien être condensé en un petit volume. M. Pouchet n’eût point été embarrassé de faire tenir en quatre cents pages tout ce que l’on sait de certain et d’essentiel sur ces matières. Malheureusement, au lieu d’aborder son sujet de front et avec vigueur, il s’est contenté de coudre bout à bout des notes relatives à plusieurs parties du vaste ensemble que nous avons esquissé. Non-seulement l’édifice n’est pas construit, mais M. Pouchet ne nous en présente que quelques pierres. « Je désire, dit-il, initier le public aux sciences naturelles. Voici quelques échantillons que je lui sers. Puissent-ils lui plaire assez pour le porter à aller s’instruire ailleurs ! » C’est à peu près le langage que l’auteur nous tient dans sa préface pour que nous nous consolions de ne pas trouver dans son livre ce que le titre nous faisait espérer.

S’il ne faut pas chercher dans l’Univers de M. Pouchet un ordre général et une juste proportion entre les différentes parties du livre, on y rencontre du moins un grand nombre de faits intéressans. Tout en regrettant le défaut d’ensemble et de composition, on peut y trouver beaucoup de détails bons à recueillir. Quelques chapitres ne sont pas loin d’atteindre le but que l’auteur s’est proposé, et qui est, comme il nous l’a dit, de répandre dans le public le goût des sciences naturelles. Nous pouvons signaler ceux qui traitent de l’anatomie et de la physiologie des végétaux. On y voit, par de nombreux exemples, comment s’entretient le mécanisme de la vie dans les plantes, comment elles respirent et transpirent, comment elles se nourrissent, comment elles dorment, comment se manifeste leur sensibilité, comment s’opère leur génération. Cet exposé met en relief un grand nombre de rapports entre les phénomènes de la vie végétale et ceux de la vie animale ; la ligne qui sépare les deux règnes s’efface ou reste souvent indécise, et l’unité des procédés naturels qui conservent et renouvellent la vie apparaît dans toute sa grandeur.

Dans quelques pages fort animées, l’auteur nous fait connaître les trésors d’intelligence et d’activité que les oiseaux déploient pour construire leur nid : c’est d’abord la fauvette cordonnière (sylvia sutoria), qui choisit deux feuilles d’arbre très allongées et les coud bord à bord, en surget, à l’aide d’un brin d’herbe ou d’une ficelle, de manière à former un petit sac, qu’elle remplit de coton ; c’est le républicain du Cap, qui, vivant par bandes nombreuses, s’installe sur un gros arbre et le couronne d’une sorte de toit circulaire percé d’une cellule pour chaque ménage ; c’est le grèbe castagneux, qui se construit un nid en forme de barque et le dirige sur l’eau à l’aide d’une de ses pattes ; c’est le manchot de Patagonie qui se maçonne des conduits souterrains. La nation des architectes ailés aborde tous les genres de construction, même l’architecture de luxe et de plaisance. Le chlamydère tacheté, oiseau exotique qui ressemble à notre perdrix, aime à se promener avec sa compagne sous une charmille préparée par ses soins ; il commence par former un sol de petits cailloux ronds, puis il y