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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 juin 1865.

La fin d’une session est un moment intéressant dans la vie des états représentatifs, intéressant surtout chez un peuple comme le notre, qui se met en mouvement pour rentrer dans la voie du progrès politique. C’est le moment pour le gouvernement et pour le pays de faire un examen de conscience, de mesurer les résultats obtenus dans la campagne politique qui s’achève, de se rendre compte des tendances qui se dessinent et paraissent destinées à prévaloir dans un prochain avenir. À ce point de vue, la session qui va se terminer fournit matière à d’amples et utiles considérations. Cette session n’est point, si l’on veut, remarquable par les résultats acquis, mais elle a une grande importance par les tendances qu’elle a révélées et par l’impulsion que les débats qui l’ont remplie ne peuvent manquer de donner à l’esprit public.

L’intérêt et l’enseignement de la session portent sur trois points : la politique financière, la politique étrangère, et la politique intérieure.

C’est, a vrai dire, pour la première fois depuis treize ans que la politique financière du gouvernement a été mise en vive lumière. Les beaux discours de M. Thiers ont été des actes vigoureux qui ont placé le gouvernement et le public en face des faits. La situation que M. Thiers a si fortement caractérisée était assurément connue de tous les hommes qui s’occupent de finance : les intérêts économiques, donl les chances sont attachées aux vicissitudes de la fortune publique, avaient bien le sentiment instinctif de cette situation ; mais il fallait une voix aussi autorisée et aussi universellement écoutée que celle de M. Thiers pour mettre en quelque sorte le pays et le gouvernement en demeure sur la question financière. Quelle est la portée de cette mise en demeure ? Mon Dieu ! entre le système de laisser-aller optimiste auquel le pouvoir s’est abandonné et l’opinion qui réclame un équilibre financier certain, assurant a la France l’élasticité et la pleine disponibilité de ses ressources, le débat ne porte point en réalité