ne forment pas le style. Ce que nous nommons une version n’est pas d’usage dans les écoles anglaises, du moins d’usage habituel. On n’y choisit pas dans les anciens maîtres une belle page pour la traduire à tête reposée, et s’en rapprocher autant que possible par la fidélité et la puissance de l’expression. En revanche, le thème leur est moins étranger ; les écoles en empruntent le modèle aux exercices de l’université, où il prend le nom de composition. Ces compositions consistent à faire passer dans une langue morte, le latin ou le grec, quelques morceaux de prose anglaise ; de même pour la poésie anglaise, qu’on arrange en vers grecs ou latins de différens mètres. C’est quelquefois littéral, d’autres fois ce sont des imitations : on laisse le champ libre aux concurrens. Il y a également des compositions plus relevées où les étudians ne s’inspirent que d’eux-mêmes et développent à leur gré une idée ou un sujet. La robe universitaire donne seule la confiance nécessaire pour prendre cet essor ; les écoles ne visent pas si haut. Cependant on y a introduit des compositions d’un ordre plus modeste, dirigées vers des objets usuels. Ce qu’on y demande aux enfans, ce sont des faits plutôt que des phrases, et en ceci comme en toute chose l’esprit anglais se met à découvert. Ce qui est du domaine de l’art est rejeté sur un plan secondaire. Pourvu que l’idée soit juste, précise, peu importe le mode d’expression. Aucun peuple n’a autant besoin de s’inspirer du génie antique, et il a du moins le bon sens de comprendre que, sans cet élément d’emprunt, tout sentiment de l’idéal aurait bientôt disparu de sa littérature.
Pour les sciences exactes, il pourrait vivre de son propre fonds, il a même eu ses génies ; c’est à la Grèce qu’il demande ses autorités. La géométrie des écoles de grammaire en est encore au traité d’Euclide. Ce qui leur plaît de ce traité, c’est qu’il ne sort pas de la science pure. Dans d’autres classes de mathématiques, l’enseignement n’est pas simultané ; les élèves se groupent suivant leurs forces, et le professeur adapte ses leçons à la force de chaque groupe ; en réalité, il n’y a point de classe, mais des élèves isolés. En géométrie, la classe est compacte et l’enseignement simultané. Les élèves récitent par cœur les propositions d’Euclide : le maître écoute, et de mémoire les ramène, s’il est besoin, au texte consacré. « Nos enfans, disait à MM. Marguerin et Motheré un professeur de géométrie, non sans quelque orgueil, nos enfans répètent leur Euclide si couramment que j’ai peine à les suivre. » Les maîtres intelligens ont l’attention de tracer sur un tableau noir la figure qui correspond aux propositions que la classe récite ; un petit nombre, par un changement de lettres, force l’élève à apporter à cet exercice autre chose que beaucoup de mémoire. En algèbre, le grand nombre