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cluent pas la stricte observation de leurs devoirs. Ainsi, après leurs six heures de classes, ils ont liberté plénière ; on ne les parque pas dans des cours étroites, encadrées dans de hautes murailles, avec un maître d’études sur leurs pas. On tient en Angleterre à ce qu’ils se retrempent à l’air libre et que leur corps s’y fortifie. Il y a dans l’établissement ou à ses portes de vastes pelouses où tout est disposé pour les distraire ou les exercer, des parties de cricket, des appareils gymnastiques, quelquefois des barques sur la rivière pour des courses à l’aviron. On comprend avec quelle ardeur l’élève se porte vers ces jeux et combien il s’en enivre ; mais sous cet attrait se cache un danger. Qu’emporté par ces divertissemens il ne tienne pas compte de la fuite des heures et néglige ou tronque la tâche scolaire, il sera le lendemain vivement réprimandé et sévèrement puni après une rechute. C’est la rançon de son indépendance. Il n’en jouit qu’à la condition de ne pas s’oublier et de se commander à lui-même. Il se peut au fond que la part faite aux exercices du corps nuise aux exercices de l’esprit et qu’après les effervescences du jeu l’élève ne retrouve pas à point nommé le calme nécessaire pour l’étude. Le niveau de l’instruction en est-il diminué ? On est fondé à le croire, mais ce serait le relever à un triste prix que de condamner la jeunesse à l’étiolement en l’honneur des sciences, et des lettres. Le calcul, fût-il juste, ne serait ni heureux ni humain.

Les méthodes d’enseignement né diffèrent que par le choix des matières ; chaque école a ses livres d’adoption et en change rarement. On a vu que, dans les collèges de l’université, il s’est établi des sortes de conférences où le développement oral tient une grande place. Dans les écoles de grammaire, on ne trouve rien de semblable ; à quelques exceptions près. Le gros du travail se fait au moyen de text books, littéralement des livres de textes. L’élève s’approprie la substance de ces livres, et la classe a plutôt pour but de vérifier son travail personnel que de lui en fournir les élémens. Dans cette combinaison, le maître est un peu effacé ; il s’en remet au livre qu’il a choisi pour animer l’intelligence de l’élève, et n’y ajoute que rarement ses commentaires. Celui-ci, de son côté, se blase quelquefois sur sa besogne et la convertit volontiers en un exercice machinal. Ainsi la lecture des auteurs est le fond de l’enseignement littéraire. Les choix portent sûr les plus illustres, et comme on les lit par morceaux de longue haleine, on s’identifie mieux avec leur génie qu’au moyen de passages détachés. L’explication est faite à haute voix et précédée d’une préparation personnelle. Ces lectures ont leurs avantages, mais elles demanderaient un complément. Elles exercent le jugement et la mémoire, elles