une idée suffisante de ce que sont les autres. Partout les mêmes plans, la même discipline, le même esprit ; les cadres sont si bien disposés que d’un coup d’œil on les embrasse. L’Angleterre n’a pas de ces identités qui simplifient l’observation. Toute école ou du moins toute catégorie d’écoles demande à être étudiée à part, vue sous le jour qui lui est propre, si l’on veut en fixer la physionomie. Celle-ci aura gardé un reflet des traditions, celle-là aura préféré courir les aventures. La carrière est libre, pourvu que l’on ne tende pas la main aux paroisses ou à l’état. De là un régime qui n’est pas exempt de confusion et dans lequel on ne pénètre qu’au moyen d’informations multipliées et persévérantes. Quand les faits sont vérifiés, les principes se mettent d’eux-mêmes en lumière.
Nous avons passé en revue les divers modes de distribution de l’instruction primaire[1] ; il nous reste à parler des établissemens destinés aux classes moyennes, c’est-à-dire de ce qui répond chez nos voisins à notre enseignement secondaire. Deux documens pleins d’intérêt sont à consulter dans ce travail. Le premier est l’enquête qui a eu lieu au ministère du commerce au sujet de l’enseignement professionnel ; le second est le rapport fait au préfet de la Seine par MM. Marguerin et Motheré à la suite d’une mission qui leur avait été confiée. Ce cadre comprend ce qui est ancien et ce qui est nouveau dans les institutions anglaises : une part y est ménagée à l’enseignement des arts et des sciences d’application, pour lequel un département spécial a été créé dans les conseils de la couronne. L’échelle des établissemens en exercice aura été ainsi parcourue. Çà et là il sera aisé de voir qu’un penchant vers la concentration s’est déclaré dans le monde officiel, et il eût été poussé plus loin, si les mœurs du pays n’y eussent profondément répugné. Des essais timides ont été suivis d’un prompt retour. On a regardé de plus près aux sommes que l’état distribuait d’une main libérale et on s’est aperçu qu’elles manquaient en grande partie leur objet. Depuis lors on en est revenu à cette vérité d’expérience, qu’en matière d’éducation comme en toute chose il n’y a pas toujours profit à vouloir forcer les besoins et à répandre inconsidérément la semence sur un terrain qui n’est pas suffisamment préparé.
Dès le sommet des études, le régime anglais se sépare ouvertement du nôtre. L’état s’y efface ; les corporations seules se montrent. Les trois universités d’Oxford, de Cambridge et de Durham,
- ↑ Dans les livraisons du 15 janvier et du 1er juillet 1863.