Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE LIBAN
ET
DAVOUD-PACHA

I.
L'INSTALLATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT.

Le Liban paie depuis 1861 par un oubli profond la sinistre célébrité qu’il devait aux massacres de l’année précédente. Ce serait à croire la question enterrée, quand tous les morts eux-mêmes ne le sont pas. Un silence si subit et si général, presque au lendemain de cette universelle explosion d’indignation et d’épouvante qu’aucune satisfaction sérieuse n’était venue apaiser, ne peut pas uniquement s’expliquer par une réaction de lassitude ou par les nombreuses diversions de la politique européenne proprement dite, si tout le monde a paru oublier le Liban, c’est qu’au fond personne ne se souciait beaucoup d’en parler. Les vainqueurs de la triste bataille diplomatique de 1861, avec une modestie bien explicable, laissaient sous le boisseau un succès dont le résultat le plus clair était d’avoir tout à la fois consacré l’impunité des massacres, aggravé le savant système de division qui les avait préparés et renforcé, du moins en principe, l’action officielle qui les avait diriges. La France avait des motifs de réserve bien différens, mais où n’entrait pas d’ailleurs, — il est essentiel de bien l’établir pour l’exacte