le village sans répondre aux habitans qui l’interrogeaient. Le lendemain, on le trouva noyé sur le bord de la plage marine. Les apparences, corroborées d’ailleurs par le témoignage de l’un de ses amis, permettent de croire que ce jeune homme, depuis longtemps las de la vie, a fini par se l’ôter lui-même. Sans doute il avait escaladé l’Etna pour se jeter comme Empédocle dans le puits du cratère ; mais, à la vue de cet abîme sans fond, à la vue des nuages qui s’en échappent en grondant, il eut peur du genre de mort auquel il s’était préparé, et, chassé de la montagne par une invincible terreur, il vint chercher dans les eaux une fin moins effrayante et plus vulgaire.
Ce qui rend l’étude des volcans si pleine d’attrait pour les uns et si pénible pour d’autres, c’est en grande partie le mystère de leur formation. La terre étant considérée d’ordinaire comme le symbole de l’immuable, il est en effet bien étrange de la voir s’ouvrir pour lancer dans l’air des torrens de gaz et laisser couler en manière de fleuves les roches fondues de l’intérieur. De quelle source invisible proviennent ces matières fluides qui s’étalent en nappes sur de vastes régions ? D’où sortent ces énormes amas de vapeurs assez considérables pour s’épaissir immédiatement en nuages autour des grandes cimes et s’abattre parfois en véritables pluies diluviennes ? Quelles sont les vraies causes de ces violentes secousses qui fendent le sol, renversent les cités et détruisent en quelques secondes, l’ouvrage de tout un siècle ? Ce sont là des questions auxquelles la science n’a point encore répondu d’une manière complète, et dont la solution serait d’une importance capitale pour la connaissance de notre globe.
D’après une ancienne croyance populaire, l’Etna ne ferait que vomir, sous forme de vapeur, les eaux que la mer a déversées dans le gouffre de Charybde. Cette légende est, sous une enveloppe poétique, l’hypothèse des savans qui voient dans les éruptions une série de phénomènes causés en grande partie par les eaux de mer transformées en vapeur. L’alignement si remarquable de tous les volcans sur les rivages de la mer ou des grands bassins lacustres de l’intérieur des continens est un des faits principaux qui témoignent en faveur de cette hypothèse sur l’infiltration des eaux et lui donnent un haut degré de probabilité. Les diverses substances que produisent les cratères, et qui sont principalement du soufre, de la magnésie ou des bases alcalines combinées avec les acides chlorhydrique, sulfurique ou carbonique, semblent indiquer aussi la présence des eaux marines dans le grand laboratoire des layes. Toutefois l’argument le plus décisif que l’on puisse citer en faveur de la libre communication des bassins maritimes avec les foyers