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LE MONT ETNA
ET
L'ERUPTION DE 1865


I

L’Etna commence à se reposer de l’une des secousses les plus violentes éprouvées pendant ce siècle ; les laves se refroidissent lentement sur les pentes, et les cônes d’éruption n’émettent plus qu’une faible quantité de vapeurs et de cendres. Avant la fin de l’année 1865, les nouvelles bouches seront probablement fermées ; les seuls indices de l’activité souterraine seront de légères fumerolles et le grand jet de vapeur qui s’élance du cratère terminal de l’Etna pour planer au loin sur la Sicile.

L’éruption de 1865 était annoncée depuis longtemps par des signes précurseurs. Dès le mois de juillet 1863, après une série de mouvemens convulsifs du sol, le cône suprême du volcan s’était ouvert du côté qui regarde le midi ; les matières incandescentes étaient descendues avec lenteur sur le plateau qui porte la « maison des Anglais, » et cette masure elle-même avait été démolie par les blocs de lave lancés hors de la bouche du cratère. En certains endroits, des amas de cendres d’une puissance de plusieurs mètres avaient recouvert les pentes du volcan. Après cette première explosion de l’Etna, la montagne ne se calma point complètement ; de nombreuses fissures, ouvertes sur les pentes extérieures du cratère, continuèrent de fumer, et la vapeur ne cessa de jaillir de la cime en épais tourbillons. Souvent même, pendant les nuits, la ré-