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du tracé ; les montagnes de l’Étolie offrent de brusques accidens de terrain ; elles sont séparées entre elles par des gorges étroites, profondes, très rapprochées les unes des autres. Il y a là des travaux d’art plus nombreux à exécuter, des tunnels à percer, des ponts à jeter, des rampes à franchir à l’aide d’une traction puissante. Ces difficultés s’aplanissent aux approches des larges vallées qui débouchent dans la partie basse de la Phthiotide, sur la limite de laquelle est située la ville de Lamia, que les Turcs appelaient Zydin ou Zéitoun. Lamia touche à la frontière ; elle a tout à fait conservé l’aspect d’une ville turque avec ses minarets, ses cyprès, ses nombreux bazars. En même temps le caractère actif et industrieux de sa population lui donne une physionomie analogue à celle de Livadie. Lamia est destinée, comme celle-ci, à un avenir florissant, car la Phthiotide, outre la richesse de ses bois, a pour élémens de prospérité le riz, le maïs, le coton, qui réussissent admirablement dans ses fertiles vallées, et dont la culture gagnera de nombreux terrains qui sont à assainir. A Lamia se tient un marché aux chevaux très renommé. Ces chevaux sont élevés en Thessalie, et forment une race petite, maigre, sobre, nerveuse, aux jarrets d’acier ; nous avons eu plus d’une fois l’occasion d’apprécier ses rares et énergiques qualités sur les scabreux sentiers que nous avons parcourus.

De Lamia à Ptéléon, sur le golfe de Volo, le chemin ne rencontre plus d’obstacles sérieux. Le parcours de Vonitza au golfe de Volo, dont nous n’avons voulu indiquer que les principales étapes, sera de 300 kilomètres environ, et la dépense est évaluée approximativement à 90 millions. L’embranchement sur l’Attique, à travers la Livadie et le Copaïs, complément nécessaire de cette voie, devra franchir une distance qui serait à peu près égale, si les mêmes obstacles se présentaient, mais qui se trouvera en réalité bien moindre, parce que les accidens de terrain seront moins considérables, et que les plaines du Copaïs et de la Béotie fourniront de longues lignes droites à parcourir.

La Grèce possède donc les élémens d’une très grande prospérité matérielle, fondée principalement sur la fécondité de son sol, la variété de ses produits, le vaste champ qu’elle offre aux travaux de l’agriculture ; on ne peut douter que ces élémens ne se développent avec rapidité lorsque le pays sera livré à une circulation facile et régulière. La vivifiante influence des chemins de fer sur les contrées qu’ils parcourent est un fait trop évidemment acquis à l’expérience, pour qu’il soit utile d’y insister ici. Cette influence se fera sentir en Grèce aussi puissamment que partout ailleurs ; les peuplades de l’Acarnanie elle-même la subiront invinciblement lorsque l’industrie