glais auront été préparés et admis à partager avec eux toutes les fonctions. Cela est-il réalisable dès ce moment ? Nous ne le pensons pas. La période présente est une période de transition : elle ne pourra être abrégée que par le zèle que mettra le gouvernement à faire l’éducation des indigènes et le profit que ces derniers en tireront ; mais il faut s’attendre à la voir se prolonger bien des années encore pour les hommes de race non aryenne, c’est-à-dire pour la majeure partie des musulmans et pour ces populations primitives de l’Inde qui, par leurs descendons, peuplent presque à elles seules la moitié méridionale de l’Indoustan.
Ce qui maintiendra les descendans des populations primitives dans un rang inférieur, ce sera leur incapacité originelle. Tous les voyageurs, tous les rapports officiels, les statistiques et les ouvrages des savans sont unanimes à reconnaître que ces masses d’hommes sont incapables de s’élever au-dessus d’un certain niveau qui laisse le meilleur d’entre eux au-dessous du dernier des Aryas. Quand fut établie la constitution brahmanique, ils étaient tels qu’ils sont aujourd’hui ; le rôle qui leur est assigné dans les lois de Manou est de servir les autres. Du reste, nul d’entre eux ne réclame une égalité dont ils n’ont pas l’idée et ne se plaint d’être inférieur à ses maîtres. Accoutumés depuis plus de trois mille ans à la servitude, ils s’occupent peu de savoir qui les gouverne. La dernière insurrection les a trouvés indifférens et n’a pas dépassé les monts Vindhyas, limite méridionale du pays aryen ; ceux-là seuls y ont participé qui, faisant partie des régimens de cipayes révoltés, ne pouvaient guère agir autrement que les autres. Encore a-t-on vu de nombreux exemples d’hommes du sud se dévouant avec une fidélité touchante à leurs officiers et livrant leur vie pour sauver celle de leurs maîtres anglais.
Il n’en a pas été de même des musulmans. On en compte dans l’Inde à peu près seize millions, ce qui les place, relativement au reste de la population, dans la proportion de un à dix ou onze. Presque tous étrangers, venus du dehors avec les conquérans arabes ou mongols, ils appartiennent à des races d’hommes fort différentes les unes des autres. Ceux-ci se rapprochent des Tibétains et des Chinois, ceux-là des Sémites ; parmi eux on distingue un certain nombre de Persans qui n’ont rien de la Perse antique, et n’en portent le nom que parce qu’elle a été leur dernier séjour. Les musulmans sont dans l’Inde tels que nous les voyons en Europe. Quoique soumis comme les autres à la domination britannique, ils ont conservé les habitudes du temps où ils régnaient dans l’Inde comme conquérans. Ils habitent les villes, les postes militaires et les places de commerce ; on n’en rencontre presque jamais dans les campagnes ; ils ne cultivent pas la terre et ne vivent que