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donna son nom aux sanglantes émeutes de cette époque. A la fin de 1864, le nombre de ces sociétés s’est élevé à 200.

Dans un pareil milieu, les bienfaits de l’instruction devaient être vite appréciée et répandus. Avant même la révolution de 1830, on a vu qu’une société s’était formée sur l’initiative d’un grand nombre de souscripteurs pour la propagation de l’instruction primaire. Cette société libre, dont les progrès furent incessans, dirige aujourd’hui 75 écoles et cours divers et 2 bibliothèques publiques. Des écoles congréganistes et communales multiplient l’enseignement dans les proportions les plus satisfaisantes. Pour l’instruction primaire seule, la ville de Lyon possède 113 écoles communales et 158 écoles libres, dont 108 pour les garçons et 163 pour les filles. Les écoles communales se subdivisent en 26 écoles laïques et 33 écoles congréganistes pour les garçons, et en 22 écoles laïques et 32 écoles congréganistes pour les filles. Les écoles libres comprennent 43 écoles laïques et 4 congréganistes pour les garçons et pour les filles, 100 écoles laïques et 9 congréganistes. 12,747 garçons fréquentent les écoles communales, et 2,100 les écoles libres ; les écoles de filles sont suivies par 14,992, dont 11,555 pour les écoles communales et 3,437 pour les écoles libres. On a déjà remarqué que la société de secours mutuels des ouvriers en soie renferme plus de femmes que d’hommes. Notons, sous le rapport du nombre des écoles et des élèves, un pareil résultat à l’avantage des filles ; à Lyon, chez les femmes, le désir de l’instruction et l’instinct de la prévoyance sont plus développés que chez les hommes. La Société du Rhône ouvre par exemple 6 classes d’adultes aux femmes contre 5 aux hommes ; elle a créé une école supérieure pour les filles de même que pour les garçons, un cours normal d’institutrices, et tandis que des cours sont, pour les hommes, consacrés au dessin industriel, à la chimie appliquée à la teinture, à l’agriculture, à la théorie pour la fabrication de la soie, au chant et à l’anglais, les femmes peuvent aussi participer à des leçons de dessin, de chant, d’anglais et même de comptabilité commerciale. Enfin une société dite d’éducation à fondé des prix et ouvre chaque année des concours pour stimuler la production d’ouvrages propres à l’enseignement, et récompenser le zèle des professeurs qui restent trois ans au moins attachés au même établissement libre. Le siège de cette société, qui possède une bibliothèque spéciale, se trouve au palais des Arts, centre en quelque sorte du mouvement intellectuel, puisqu’on y voit réunis l’école des beaux-arts, les facultés, les musées de tableaux, de statues, d’archéologie, d’histoire naturelle, et les bibliothèques. Dans les vastes salles consacrées aux cours de dessin, l’école des beaux-arts enseigne aussi le dessin d’ornement et