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partout ailleurs. L’air circule rafraîchi par le voisinage d’eaux rapides ; le choléra n’a jamais paru à Lyon. Le mouvement des voitures et des hommes, devenu plus facile, s’est développé largement. Il y a quelques années, les omnibus transportaient par jour 6,000 voyageurs ; aujourd’hui ils n’ont pas dépassé ce nombre, mais les petits bateaux à vapeur de la Saône, les mouches, qui rappellent en diminutif les steamers de la Tamise, reçoivent une égale quantité de passagers, et sur le chemin de fer de la Croix-Rousse, spécialement à l’usage des ouvriers, la circulation donne un chiffre plus élevé encore. Si les grandes rues centrales de Lyon, les rues de l’Empereur, de l’Impératrice et du Centre, présentent un aspect qui rappelle les villes les plus opulentes, les quartiers occupés par les ouvriers n’ont rien qui afflige les regards ; on peut même dire que le mode de construction est partout à peu près le même, et que les demeures du pauvre et du riche se ressemblent extérieurement. La Croix-Rousse, avec son jardin des plantes, sa promenade des Chartreux, la route plantée qui mène au camp de Sathonay, n’a rien à envier aux rues centrales qu’elle domine, assise qu’elle est sur des hauteurs où l’on respire un air plus pur en face d’horizons d’une incomparable beauté. Pour ajouter encore aux avantages de cette position heureuse, l’empereur, dans sa lettre adressée le 2 mars 1865 au préfet du Rhône, a décidé que les fortifications anciennes de la Croix-Rousse, inutiles contre l’ennemi ou contre l’émeute, seraient démolies et remplacées par un vaste boulevard planté. Trois des autres quartiers de Lyon devront aussi recevoir encore plus d’air et de soleil, par le dégagement des abords de l’archevêché, en prolongeant l’avenue du pont de Tilsitt, et par la création de deux squares, l’un à la Guillotière, l’autre sur les terrains du grand séminaire. Le rachat du péage des ponts de la Saône, dont l’état supportera en partie la dépense, sera enfin le dernier témoignage d’une juste sollicitude pour les besoins des classes laborieuses. Il sera donc de plus en plus vrai de dire qu’à Lyon c’est surtout aux pauvres, aux habitans de la Croix-Rousse et de Fourvières, que la nature et le ciel sourient. Avec l’air et le soleil, ils ont l’eau, ils ont l’espace, les grands aspects du ciel et de la terre, et l’on doit reconnaître que, dans cette métropole industrielle dont aucune autre ville au monde ne possède la situation pittoresque, le travail, a été doté par la Providence de tous les dons qui peuvent le fortifier et l’embellir.

C’est avec l’excédant des budgets ordinaires et à l’aide d’emprunts successifs que tous ces utiles travaux ont été soldés. Les lois de 1854, 1855, 1856, 1858, 1860, 1861, ont autorisé l’émission d’obligations amortissables à long terme, avec primes, ou la réali-