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paisibles au pied et sur les flancs de l’antique colline de Fourvières. En même temps que la Guillotière livrerait ses vastes marécages assainis aux constructions plus larges de la classe aisée, à la création du parc de la Tête-d’Or, les Brotteaux seraient consacrés à l’établissement d’usines appelées par les ateliers des chemins de fer. Enfin la Croix-Rousse descendrait au cœur de la ville par des pentes adoucies, auxquelles le premier chemin de fer urbain qui se soit encore établi en France ajouterait bientôt le moyen de transport le plus économique pour les ouvriers ; les rochers mêmes qui surplombent la Saône se transformeraient en jardins, comme les routes en avenues.

C’est au commencement de 1854 qu’en inaugurant le premier travail de transformation, — l’ouverture de la rue Impériale, qui s’étend, au centre de Lyon, de la place des Terreaux à la place Bellecour, — le préfet du Rhône développait ce brillant programme, et dix ans après, lorsqu’une mort prématurée l’enlevait à ses fonctions, il pouvait se flatter de l’avoir presque entièrement exécuté. Moyennant une allocation de l’état de 4 millions, la ville consacra 12 millions pour subventionner la compagnie qui se chargea de percer la rue Impériale. En deux ans, cette entreprise fut menée à fin : les rues du Centre et de l’Impératrice, ouvertes parallèlement à la rue Impériale, complétèrent, avec l’élargissement de quelques voies transversales, la transformation de la cité, à laquelle la restauration de l’hôtel de ville devenu hôtel de la préfecture, l’achèvement du palais des Arts, la construction du palais du Commerce, ajoutèrent un nouveau lustre. La dépense de ces travaux et de toutes les autres entreprises de viabilité opérées dans les diverses parties de l’ancienne et de la nouvelle ville se résumait dans un chiffre total de 47 millions[1]. A. ces 47 millions dépensés par la ville, il faut ajouter tout l’appoint apporté par l’état, par les compagnies privées et par les particuliers eux-mêmes. Ainsi la compagnie des eaux, chargée en 1853 d’alimenter une ville à laquelle le voisinage

  1. Rue Impériale 13,600,000 fr.
    Rectification des rues voisines et de la place des Terreaux 5,000,000
    Rue de l’Impératrice et rues adjacentes 12,400,000
    Rue Centrale (la partie exécutée en 1846 et 1847 avait coûté 2,760,000 fr.) 4,000,000
    Travaux sur la rive gauche du Rhône (la Guillotière et les Brotteaux) 5,000,000
    Quartier de Vaise (rive droite de la Saône) 1,100,000
    Quartier de l’Ouest (dito) 2,000,000
    Amélioration des côtes de la Croix-Rousse 900,000
    Transformation du pavé, égouts 3,000,000
    47,000,000 fr.