- 22 mars.
Hier, au sortir d’une conversation comme celles que je t’ai rapportées[1], mes amis ont voulu me montrer la campagne romaine. — Il faut la voir, disent-ils, avant de raisonner sur le peuple.
Nous sommes sortis par la porte del Popolo, et nous avons suivi un long faubourg poudreux ; là aussi il y a des ruines. Nous sommes entrés à droite dans l’ancienne villa du pape Jules II, demi-abandonnée. On pousse une porte vermoulue, et l’on voit une cour élégante où tourne un portique circulaire soutenu par des colonnes carrées à têtes corinthiennes ; la masse a subsisté par la solidité de sa construction ancienne. Aujourd’hui c’est une sorte de hangar approprié à des usages domestiques : des paysans, des laveuses en manches retroussées vaguent çà et là. Au bord des vieilles vasques de pierre, le linge attend le battoir ; un canard sur une patte regarde le riche bouillonnement de l’eau, qui, amenée jadis avec une prodigalité princière, regorge et bourdonne comme aux premiers jours ; les claies de joncs, les tas de roseaux, les fumiers,
- ↑ Voyez la Revue du 15 décembre 1864, 1er Janvier, 15 janvier, 15 avril 1865.