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S’en aller par vaux et par monts,
Buvant le ciel à pleins poumons,
C’est vivre !

Allons toujours, allons là-bas !
Allons jusqu’où l’on ne va pas,
Toujours plus loin, plus loin encore,
Vers ce pôle, éternel aimant,
Où rayonne éternellement
L’aurore !

L’hiver est brutal, Dieu merci !
Il me plaît qu’il en soit ainsi
Et que rien ne reste de même.
Aujourd’hui blanc et demain vert,
Je le veux bien ! J’aime l’hiver,
Je l’aime !

L’hiver est le temps des efforts,
L’hiver est la saison des forts ;
Tout combat, le torrent et l’arbre :
L’un s’est mis nu comme un lutteur ?
L’autre a l’air d’un gladiateur
De marbre.

Belle, nous n’irons plus au bois ;
Adieu les chansons d’autrefois
Et la blonde houle des seigles !
La terre n’a plus que les os,
Les chiens, sont des loups, les oiseaux
Des aigles !

Adieu jusqu’au printemps vermeil !
Le grand Pan dort son grand sommeil.
Las de l’amour, saoûl de la fête,
Enroulé dans son blanc linceul,
Ton cauchemar l’agite seul,
Temple !

Car c’est du fouet des tourbillons,
C’est des images, ces haillons,
C’est de l’éclair, cette couleuvre,
C’est de ce qu’on craint et qu’on hait,
C’est de tout cela que Dieu fait
Son œuvre.