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DIPLOMATIE COMMERCIALE
DE LA FRANCE

Documens diplomatiques, publiés par le ministère des affaires étranger de 1860 à 1865. — Exposés de la situation de l’empire. — Annales du commerce extérieur.


Si l’on étudie l’histoire des relations internationales, on est frappé du contraste que présente la diplomatie de notre temps comparée avec la diplomatie des temps passés. Ce sont, il est vrai, les mêmes formes, les même traditions et presque les mêmes personnages ; mais tout autres apparaissent les idées et les actes. Alors que les nations appartenaient en quelque sorte à des maisons royales, la diplomatie n’avait à servir que les pensées, les intérêts, les passions, les caprices même des souverains dont elle était la confidente et l’organe. Certes, quand nos ambassadeurs exécutaient les instructions de Henri IV, de Richelieu, de Mazarin, de Louis XIV, ils servaient la nation en même temps que le prince. Le droit public qui régit les pays civilisés, les traditions de la politique française datent de là, et nous suivons aujourd’hui encore les voies tracées par ces grands esprits. À ces époques cependant, la diplomatie était personnelle, ou tout au moins dynastique. La volonté du prince était sa première loi ; ses négociations avaient pour objet la gloire et l’intérêt de la couronne, et, sans méconnaître le patriotisme des souverains qui inspiraient son langage et ses actes, il serait facile de relever, dans les archives diplomatiques, maintes circonstances où l’intérêt national était subordonné, sacrifié même à des pensées égoïstes, à des passions personnelles, à des considérations secon-