On s’est fort occupé de Voltaire depuis quelques années en Angleterre et en Allemagne. L’humoriste puritain Thomas Carlyle, dans la longue étude qu’il consacre à Frédéric le Grand, ayant rencontré sur sa route le convive de Potsdam, avait beau jeu pour donner carrière à sa verve fantasque, aiguillonnée par les incartades du poète, et on peut croire qu’il n’a point manqué l’occasion[1]. Qu’on se figure l’imagination la plus vive et le rigorisme le plus acéré, qu’on se représente un Michelet et un Joseph de Maistre réunis dans le même écrivain : ce sera Carlyle jugeant Voltaire. Avant lui, l’énergique Macaulay, à propos du livre de M. Thomas Campbell sur Frédéric et son temps, avait buriné le portrait de l’auteur du Mondain avec une netteté magistrale. Au-delà du Rhin, un critique libéral, disciple de Goethe et non pas de Schlegel, M. Hermann Hettner, dans un large tableau de la culture intellectuelle au XVIIIe siècle, a consacré à la France tout un volume où Voltaire est l’objet d’une étude impartiale et précise[2]. M. Preuss,
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UNE PAGE
DE
LA VIE DE VOLTAIRE
L’AVENTURE DE FRANCFORT D’APRES LES RECITS ALLEMANDS.