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14 octobre entre le ministre prussien et l’ambassadeur anglais, sir A. Buchanan : « Si le Danemark déclare à la diète qu’il est prêt à lui donner satisfaction quant aux demandes du Holstein et du Lauenbourg de contrôler la législation et toutes les dépenses des duchés, prêt à accepter la médiation de la Grande-Bretagne pour l’arrangement de la question internationale, la Prusse s’efforcera de prévenir l’exécution[1]. » Lord Russell s’était mis courageusement à l’œuvre, et le télégraphe joua continuellement entre Londres, Copenhague et Berlin. Le Danemark céda aussi sur ce point : il consentait même à déclarer provisoire la patente du 30 mars. « Bien de plus courtois et de plus conciliant que le langage de ce document, écrit sir A. Paget le 26 octobre au sujet de la nouvelle déclaration que le Danemark venait de faire à la diète. Si la confédération veut négocier au lieu d’exécuter, elle en a maintenant tous les moyens. » On suit avec anxiété dans les state-papers le cours de cette dernière transaction ; on respire, avec lord John Russell, en lisant des dépêches qui, tantôt de Vienne, tantôt de Francfort et même de Stockholm, annoncent une évolution « favorable ; » puis on est brusquement réveillé par la missive du foreign-office à sir Andrew Buchanan, du 9 novembre, conçue en ces termes : « Si les informations parvenues de Vienne au gouvernement de sa majesté sont exactes, M. de Bismark n’oppose plus aucune objection (no longer offers any objection) à Inexécution fédérale dans le Holstein. D’un autre côté, le gouvernement de sa majesté est informé que le ministre d’Autriche à Francfort a reçu pour instructions de conformer sa conduite à celle de son collègue de Prusse. » Et lord Russell ajoute à la fin : « Le gouvernement de sa majesté ne peut que laisser à l’Allemagne la responsabilité d’exposer l’Europe à une guerre générale… »

Ainsi, après avoir leurré pendant un mois le cabinet de Saint-James en lui faisant entrevoir la possibilité d’un arrangement, après l’avoir amené à obtenir du Danemark les concessions les plus extrêmes, M. de Bismark changeait subitement d’attitude et pressait l’exécution fédérale ! C’est que, pendant ce temps, lord Russell avait déjà rappelé de l’Allemagne certain courrier envoyé avec une « communication importante » pour Saint-Pétersbourg, et qu’il avait même écrit (le 20 octobre) sa célèbre dépêche à lord

  1. Voyez la dépêche de M. Buchanan du 17 octobre. Inclosure. — Minute of conversation between M. de Bismark and sir A. Buchanan. « If Denmark would déclare to the Diet that she is ready to give them satisfaction as to the claim of Holstein and Lauenburg to control their own legislation and the expediture of all moneys raised in the duchies, to accept the mediation of Great-Britain for the arrangment of the international question, Prussia ondearour to prevent execution. »