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Nicolas et du prince Schwarzenberg à rétablir partout et en tout le statu quo absolu d’avant le bouleversement de février. Cependant, à défaut d’une solution vraie et radicale, tout devait au moins engager à ne laisser subsister aucun doute sur la nature du statu quo qu’on entendait maintenir. Le roi de Danemark pouvait continuer à être le suzerain du duché allemand de Holstein comme le roi de Hollande était le suzerain du duché allemand du Luxembourg ; mais il devait être bien établi que les provinces extra-fédérales de la monarchie danoise demeuraient aussi complètement étrangères au Bund que l’étaient les provinces néerlandaises du royaume des Pays-Bas. C’était du reste dans ces termes que le problème fut nettement et honnêtement posé dès l’origine par le roi Frédéric VII. Dès le 4 avril 1848, le monarque danois répondit à la députation que lui avaient envoyée les insurgés de Rendsbourg qu’il accorderait au Holstein tout ce qu’on pourrait désirer, et s’associerait, pour ce qui regardait ce duché, très franchement à l’œuvre de l’unité allemande qu’on allait tenter à Francfort, mais que le Slesvig était un patrimoine de la nation danoise qu’il n’avait « ni la volonté, ni le pouvoir, ni le droit » d’aliéner, — et rien assurément de plus légitime, de plus loyal que cette déclaration. Il importe bien de le rappeler : ni alors, ni depuis, ni à une époque quelconque de l’histoire, la couronne de Danemark n’a prétendu enchaîner le Holstein, peser de manière ou d’autre sur les destinées de ce pays fédéral, y « daniser » la moindre parcelle de terre. Ce qu’elle demandait, c’était de préserver ses provinces propres de l’envahissement toujours croissant du germanisme, de mettre à l’abri des empiètemens du Bund ce duché de Slesvig qui n’a jamais fait partie de la confédération allemande, de demeurer indépendante au-delà de ce fleuve qui, depuis les temps les plus reculés, depuis Charlemagne, a toujours constitué la frontière de la monarchie Scandinave : Eidora romani terminus imperii ! C’était donc là le statu quo que les puissances de l’Europe auraient dû établir en 1850 et 1852 dans les termes les plus précis et les plus clairs ; elles auraient dû hautement proclamer le droit de Frédéric VII d’être maître indépendant dans ses possessions au-delà de l’Eider, maître d’y introduire les changemens qu’il jugerait nécessaires au salut et à l’unité de ses états, maître en un mot d’incorporer pleinement et complètement dans la monarchie danoise ce duché de Slesvig qui, de l’aveu de tous, en était une « partie intégrante. »

Mais il y avait des Allemands de l’autre côté de l’Eider ! s’écrieront ici les défenseurs farouches du « droit nouveau, » les fanatiques de ce principe de nationalité devenu, à ce qu’on assure, le