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aurait obtenu la distance angulaire de cette montagne au Mont-Pelvoux, par exemple, comme il mesura celle du pic de Belledonne, près de Grenoble, à la Roche-Melon, près de Turin, et du Becco-di-Nonna, qui domine la ville d’Aoste, au Pelvoux, près de Briançon. Il y a plus, l’angle de dépression de ces sommets au-dessous de la ligne horizontale tangente au sommet du Mont-Blanc combinée avec la distance et la courbure de la terre lui permit de calculer plus tard dans son cabinet la hauteur relative de ces sommets : ainsi la distance angulaire du Mont-Tabor au-dessus de Modane et du Grand-Som, le point le plus élevé de la Grande-Chartreuse près de Grenoble, est de 41°,46’. L’angle de dépression du Tabor est de 1°,27’, ce qui donne pour la hauteur 3,180 mètres. Pour le Grand-Som, le même angle de dépression s’élève à 2°,2’, ce qui, vu la distance, permet de conclure à une élévation de 2,033 mètres seulement.

Comme de Saussure, nous fûmes frappés du désordre des montagnes qui s’élèvent au sud du, Mont-Blanc ; le mot de chaîne leur est inapplicable, mais celui de groupes leur convient parfaitement, et l’on reconnaît très bien ceux.de l’Oisans ou du Pelvoux, des Rousses, des Alpes occidentales comprises entre le Drac et l’Arve, des Aiguilles-Rouges au-dessus de Chamounix, et enfin du Valais, Tous ces massifs appartiennent aux terrains cristallins, granite, protogine, gneiss, ou aux terrains anciens, schistes métamorphiques, terrain houiller, etc. Si l’on se tourne vers le nord, l’aspect est tout différent ; on suit les chaînes qui se prolongent parallèlement au lac de Genève, celle du Jura se terminant à l’ouest par les profils de la Grande-Chartreuse, dont l’horizontalité contraste avec les sommets aigus et déchirés des Alpes françaises. Avant d’entrer dans le bassin du Léman, le Jura se dédouble en chaînons parallèles qui longent le lac de Neuchâtel et vont expirer au pied des montagnes de la Forêt-Noire. En Savoie, au sud du lac de Genève, nous comptâmes cinq chaînons dont le dernier contient la montagne des Voirons. Si l’on jette un coup d’œil sur la belle carte géologique de la Haute-Savoie que M. Alphonse Favre a publiée en 1862, on reconnaît que ces chaînes appartiennent aux terrains jurassiques, crétacés et tertiaires. Nous remarquâmes encore celles des Diablerets et du Simmenthal, qui appartiennent, comme celle du Chablais, aux terrains de sédiment ; elles sont également parallèles entre elles, mais se dirigent vers l’est.

Nous ne pouvions consacrer tout notre temps, au panorama ; il fallait répéter les expériences de physique, faites cinquante-sept ans auparavant par de Saussure, en particulier celle de l’ébullition de l’eau. Comme lui, nous eûmes de la peine à faire bouillir l’eau