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départ pour expliquer ultérieurement comment l’organe central de la circulation peut réagir sur nos sentimens ; mais, avant d’en arriver là, il est nécessaire d’examiner de plus près les diverses formes que peut nous présenter l’arrêt du cœur sous l’influence de l’excitation galvanique des nerfs. L’excitation des nerfs pneumo-gastriques ou nerfs du cœur par un courant électrique très actif arrête aussitôt les battemens de cet organe. Toutefois il y a dans le phénomène quelques variétés qui dépendent de la sensibilité de l’animal. Si l’on agit sur des mammifères très sensibles, le cœur s’arrête instantanément, tandis que chez des animaux à sang froid et surtout pendant l’hiver le cœur ne ressent pas immédiatement l’influence nerveuse ; plusieurs battemens peuvent encore avoir lieu avant qu’il s’arrête. Après la cessation de l’excitation galvanique violente des nerfs, les battemens reparaissent assez vite, plus ou moins facilement toutefois, suivant l’état de vigueur ou de sensibilité de l’animal. Il peut même arriver que chez des animaux très sensibles ou affaiblis les battemens ne reparaissent plus ; alors l’arrêt du cœur est définitif, et la mort s’ensuit immédiatement.

L’excitation galvanique des nerfs pneumo-gastriques a pour effet d’arrêter le cœur d’autant plus énergiquement que l’application en est plus soudaine et qu’elle a été moins répétée. Quand on reproduit plusieurs fois de suite ou qu’on prolonge trop l’excitation, la sensibilité du cœur et de ses nerfs s’émousse au point que l’électricité ne peut plus arrêter ses battemens ; il en est de même quand on irrite graduellement les nerfs : on peut arriver successivement à employer des courans très violens sans arrêter le cœur. Lorsqu’on applique des excitations faibles sur les nerfs du cœur, les résultats sont toujours les mêmes au fond, seulement la différence d’intensité leur donne une apparence tout autre. En effet, l’excitation galvanique faible et instantanée des pneumo-gastriques amène bien chez un animal très sensible un arrêt subit du cœur, mais de si courte durée qu’il serait souvent imperceptible pour un observateur non prévenu. En outre, à la suite de ces actions légères ou modérées, les battemens cardiaques reparaissent aussitôt avec plus d’énergie et de rapidité. On voit ainsi que l’excitation énergique des nerfs du cœur amène un arrêt prolongé de l’organe, avec un retour lent et plus ou moins difficile de ses battemens, tandis que les actions modérées ne provoquent qu’un arrêt extrêmement fugace du cœur, suivi immédiatement d’une accélération dans ses battemens avec augmentation de l’énergie des contractions ventriculaires.

Tous les résultats que nous avons mentionnés jusqu’ici, soit relativement à l’excitation des nerfs des muscles des membres, soit re-