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gane, il faut toujours remonter aux propriétés vitales de la substance qui le compose ; c’est par conséquent dans les propriétés du tissu du cœur que nous pourrons trouver l’explication de ses fonctions. Cela ne nous offrira d’ailleurs aucune difficulté, car, ainsi que nous l’avons déjà dit, le cœur est un muscle, et il en possède toutes les propriétés physiologiques. Or il me suffira de rappeler que ce tissu charnu ou musculaire est constitué par des fibres qui ont la propriété de se raccourcir, c’est-à-dire de se contracter. Quand les fibres musculaires sont disposées de manière à former un muscle allongé dont les deux extrémités viennent s’insérer sur deux os articulés ensemble, l’effet nécessaire de la contraction ou du raccourcissement du muscle est de faire mouvoir les deux os l’un sur l’autre en les rapprochant ; mais quand les fibres musculaires sont disposées de manière à former les parois d’une poche musculaire, comme cela a lieu dans le cœur, l’effet nécessaire de la contraction du tissu musculaire est de rétrécir et de faire disparaître plus ou moins complètement la cavité en expulsant le contenu. Cela nous fera comprendre comment, à chaque contraction des cavités du cœur, le sang qu’elles contiennent se trouve expulsé suivant une direction déterminée par la disposition des valvules ou soupapes cardiaques. Quand l’oreillette se contracte, le sang est poussé dans le ventricule parce que la valvule auriculo-ventriculaire s’abaisse ; quand le ventricule se contracte, le sang est chassé dans les artères parce que la valvule sygmoïde ou artérielle s’abaisse pour laisser passer le liquide sanguin en même temps que la valvule auriculo-ventriculaire se relève pour empêcher le sang de refluer dans l’oreillette. La contraction des cavités du cœur, qui les vide de sang, est suivie d’un relâchement pendant lequel de nouveau elles se remplissent de liquide sanguin, puis d’une nouvelle contraction qui les vide encore, et ainsi de suite. Il en résulte que le mouvement du cœur est constitué par une succession de mouvemens alternatifs de contraction et de relâchement de ses cavités. On appelle systole le mouvement de contraction et diastole le mouvement de relâchement. Les quatre cavités du cœur se contractent et se relâchent successivement deux à deux : d’abord les deux oreillettes, puis les deux ventricules. Un intervalle de repos très court sépare la contraction des oreillettes de la contraction des ventricules, puis un intervalle un peu plus long succède à la contraction du ventricule. Il serait complètement hors de notre objet de décrire ici en détail le mécanisme de la circulation dans les différentes cavités du cœur. Dans nos explications ultérieures, nous aurons seulement à tenir compte du jeu du ventricule gauche, qui, ainsi que nous l’avons déjà dit, est le ventricule nourricier qui alimente et anime tous les